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Zoroastre, par delà les temps

Paris
Opéra comique
03/25/2009 -  et 27, 29 mars 2009
Jean-Philippe Rameau : Zoroastre
Anders J. Dahlin (Zoroastre), Evgueniy Alexiev (Abramane), Sine Bundgaard (Amelite), Anna Maria Panzarella (Erinice), Lars Arvidson (Zopire, La Vengeance), Jakob Högström (Narbanor), Gérard Théruel (Oromases, Une Voix Souterraine), Ditte Andersen (Céphie)
Chœurs et danseurs du Drottningholms Slottsteater
Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction)
Pierre Audi (mise en scène), Amir Hosseinpour (chorégraphie)


(© Elisabeth Carecchio)


Prophète perdu dans la nuit des temps, Zoroastre inventa l’une des idées-forces qui structurent mentalement les hommes par delà même les civilisations : le dualisme entre le bien et le mal. Comme le monothéisme (d’Akhenaton puis de Moïse), dont elle constitue un complément logique, la lutte du bien et du mal confère au prophète né aux confins de l’Orient une aura éternelle. Il fondera la religion de l’ancienne Perse (le Zoroastrisme ou mazdéisme), qui survit encore dans l’Iran d’aujourd’hui, il trouvera également une postérité dans la philosophie (c’est le Zarathoustra de Nietzsche) et, en l’occurrence, la musique avec cette tragédie lyrique de Rameau créée en 1756 ou le poème symphonique de Richard Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra). Zoroastre c’est aussi le Sarastro de La Flûte enchantée et, effectivement, la lutte entre le bien et le mal agrémentée de magie que met en scène Rameau n’est pas sans évoquer l’ultime opéra de Mozart.

Première version scénique de l’œuvre à Paris depuis le renouveau baroque, cette production qui nous vient du Théâtre de Drottningholm démontre que l’on aurait tort de moins l’aimer que Les Indes galantes, Platée, Dardanus ou Les Boréades. L’acte IV mettant en scène les «forces du mal» vaut le détour ! On espère cependant pouvoir découvrir un jour la première version de l’œuvre (1749), plus «philosophique», que cette seconde mouture de 1756 plus axée sur les démêlées amoureuses de Zoroastre et Amélite.

Il est heureux de constater que la distribution, originaire d’Europe du Nord pour l’essentiel, s’accapare très bien l’articulation et la ligne vocale que requiert le chant français de l’époque de Louis XIV, voilà qui rassure quant à la diffusion de ces œuvres de par le monde. Le baryton bulgare Evgueniy Alexiev convainc moins mais incarne cependant très bien son rôle, celui du «méchant» Abramane, tandis qu’évidemment Anna Maria Panzarella et Gérard Théruel sont remarquables.

La mise en scène vaut surtout par sa dimension théâtrale, très bien réglée par Pierre Audi, et par les danses ludiques et inventives de Amir Hosseinpour. Christophe Rousset et les Talens Lyriques maintiennent la tension de bout en bout de ces deux heures quarante de musique, même si on peut leur reprocher une certaine uniformité d’accentuation. Un spectacle magnifique, mais pourquoi seulement trois représentations ?



Philippe Herlin

 

 

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