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Puissance et couleurs

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
02/05/2009 -  et le 6* février 2009
Gabriel Fauré : Pelléas et Mélisande
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle N° 1
Sir Edward Elgar : Variations Enigma

Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Jonathan Darlington (direction)


(© Stéphane de Bourgies)


Auditivement et visuellement, il nous est difficile de dissocier notre perception du Premier concerto pour violoncelle de Chostakovitch des hochements massifs et des coups d’archet surpuissants de Mstislav Rostropovitch, tant l’interprétation « hénaurme » de cette page par le défunt violoncelliste russe, immortalisée tant en CD qu’en DVD, continue à en résumer magistralement tous les aspects possibles. Détaillé par un autre archet ce concerto nous paraît souvent manquer de quelque chose : d’une envergure, d’un surcroît de puissance, d’une ambition supplémentaire… Mais rien de tel ne se produit avec Truls Mørk, attentivement secondé par Jonathan Darlington à la tête d’un Orchestre Philharmonique de Strasbourg mesuré: carte blanche à un violoncelle au timbre mordoré, dont un rien de pincement dans le haut medium fonctionne comme la signature personnelle d’un instrument très particulier (un très réputé Montagnana de 1723). Ce concerto constamment relancé par un élan rythmique imparable paraît habité par l’instrumentiste avec une souveraine aisance, seul l’engagement physique remuant de l’interprète trahissant la difficulté de certains traits. Une lecture constamment lisible, qui combine à merveille une virtuosité maîtrisée et une formidable musicalité, particulièrement dans la grande cadence mediane dont les phrases se posent superbement.


En bis, l’exécution plus sereine d’une Mélodie catalane chère à Pablo Casals révèle d’autres aspects encore de Truls Mørk : un musicien plus apaisé, attentif à la pure beauté d’une ligne mélodique simple, jouant sur d’étonnantes variations de couleur de l’instrument. Un violoncelliste à la hauteur de sa flatteuse réputation.


Le travail de Jonathan Darlington avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg semble s’être par ailleurs surtout attardé sur les Variations Enigma, au détriment d’une Suite de Pelléas et Mélisande de Fauré détaillée sans flamme particulière (excepté de jolies ambiances élégiaques dans La Mort de Mélisande). L’orchestre, bien représenté par de brillantes interventions instrumentales (Sébastien Koebel à la clarinette, Sébastien Giot au hautbois, Philippe Bertrand au basson), n’y démérite pas mais semble peu stimulé. Dans l’œuvre symphonique phare d’Elgar, en revanche, le chef britannique semble davantage s’engager, amenant l’orchestre à davantage de rayonnement, encore que l’éclat de ces Variations reste relativement en deçà des standards qu’y imposent les grandes formations internationales. Ici ce sont plutôt les pages en demi-teintes qui semblent les plus réussies, y compris la belle envergure accordée à la célèbre variation « Nimrod ». En revanche les grands chevaux de bataille symphoniques que sont les numéros 2, 7, 11 ou 14 paraissent manquer d’un certain brillant. En l’état, une interprétation très décente d’un classique orchestral particulièrement gratifiant.



Laurent Barthel

 

 

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