About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Amériques pianistiques

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
03/16/2009 -  et 17 mars 2009 (Orléans)
Samuel Barber : Nocturne (Homage to John Field), opus 33 (*)
Elliott Carter: Intermittences – Caténaires (*)
William Albright : Masquerade et Hoedown (extraits des «Five Chromatic Dances») (#)
Garrett Byrnes : Abstra (création française) (#)
Carlos Sandoval (Mendoza) : PfMd-01 (création française) (&)
Heitor Villa-Lobos : Impressões sereisteras et Dança do Indio branco (extraits du «Ciclo brasileiro») (&)
George Crumb : Eine Kleine Mitternachtmusik (*)

Florence Cioccolani (*), Toros Can (#), Wilhem Latchoumia (&) (piano), Emmanuel Vaillant (ingénieur du son)





Créé en 1994 par Françoise Thinat, qui en assure toujours la présidence, et dédié au «répertoire de 1900 à nos jours», le Concours de piano d’Orléans, qui se tient selon une périodicité biennale, s’est rapidement imposé parmi les grandes compétitions internationales, ce dont témoignent les noms de quelques-uns des vainqueurs et lauréats de ses éditions successives: Hidéki Nagano, Winston Choi, Francesco Tristano Schlimé. Le succès aidant, il a diversifié ses activités, avec un «Concours junior Brin d’herbe» pour les 9-18 ans mais aussi des séries de concerts, comme ces quatre soirées (deux à Orléans et deux à Paris, salle Cortot puis aux Bouffes du Nord) intitulées «Asie-Amériques». L’Asie a déjà été honorée le mois dernier et trois vainqueurs du concours – Toros Can (1998), Wilhem Latchoumia (2006) et Florence Cioccolani (2008) – se partagent donc cette fois-ci un programme «américain»: «Amériques» au pluriel, pas tant par référence à Varèse que par volonté de considérer le continent dans son entier et dans sa diversité.


Florence Cioccolani (née en 1981) débute par le Nocturne (1959) de Barber: histoire de montrer que les musiques jouées dans le cadre du concours ne sont pas nécessairement atonales? Voire, car le compositeur, par ailleurs auteur d’une remarquable Sonate, semble s’ingénier dans cet «Hommage à John Field» à détourner tous les canons du genre (arpèges de la main gauche, volutes de la main droite, élans romantiques) par une incessante ambiguïté tonale. Le contraste n’en est pas moins total avec deux courtes pages de Carter, créées respectivement par Peter Serkin et Pierre-Laurent Aimard: Intermittences (2005), succession rapide de phases heurtées, volubiles et pensives, dont la pianiste exploite toute la dimension physique et expressive, puis Caténaires (2006), diabolique et fascinante toccata écrite par un quasi-centenaire.


En fin de programme, Florence Cioccolani continuant de s’en tenir aux valeurs sûres, revient pour interpréter Eine Kleine Mitternachtmusik (2002) de Crumb. Aux côtés des ingrédients traditionnels de l’univers du compositeur – atmosphère planante, courtes phrases répétées de façon lancinante, études de résonances, interprète donnant de la voix (en l’espèce pour compter, en italien, les douze coups de l’horloge puis annoncer «mezzanotte»), jeu sur les cordes et la table d’harmonie, cadre de l’instrument frappé avec une baguette – cette «Petite musique de minuit» présente quelques traits plus inhabituels chez Crumb. Sous forme de suite en neuf mouvements, sa structure alternant des couplets fait en effet parfois penser à Messiaen, de même que certaines caractéristiques de son écriture et de ses harmonies. Surtout, elle recourt de façon humoristique aux citations: Tristan et Till, notamment, mais surtout ’Round midnight – rien de plus normal, puisqu’il s’agit ici de «ruminations» sur le standard de Thelonious Monk, en réponse à une commande passée par le pianiste italien Emanuele Arciuli à vingt compositeurs américains (Babbitt, Bolcom, Caine, Harbison, Kernis, Read Thomas, ...).


Toros Can (né en 1971) a fait des choix résolument plus audacieux, mais pas forcément très heureux, commençant par deux des Cinq danses chromatiques (1976) de William Albright (1944-1998), pas si éloigné de Crumb par son style hybride et ses références «impressionnistes». Dans «Mascarade» puis «Hoedown» (danse folklorique à deux temps), les figures obligées sont savamment perverties et tournent à vide, pour se dissoudre dans une sorte de habanera ravélienne. En création française, Abstra (2002) de Garrett Byrnes (né en 1971) fait appel à une bande enregistrée qui paraît s’être fixé pour objectif de convoquer tous les poncifs du genre (crissements, gargouillis) pour un résultat parfois comique; quels que soient les mérites du pianiste turc, la partie qui lui est dévolue ne quitte pas le stade infantile, entre clusters dans le grave, martèlements dans l’aigu et conclusion sur un imperturbable choral.


Wilhem Latchoumia (né en 1974) a également opté pour la première française d’une oeuvre avec bande, PfMd-01 (2002) de Carlos Sandoval (né en 1956), Mexicain résidant à Berlin. Plus riches et colorés que dans Abstra, les sons préenregistrés interagissent davantage avec le piano, malheureusement trop creux et bavard. Le pianiste français conclut avec vigueur et brio dans les deuxième et dernière des quatre pièces du Cycle brésilien (1937) de Villa-Lobos, qu’il a récemment enregistré pour RCA: alors que 2009 marque le cinquantième anniversaire de sa disparition, c’est hélas ici l’un des rares hommages de la saison parisienne à l’auteur des Chôros, dont on retrouve l’esprit dans «Impressions d’un donneur de sérénade», tandis que la «Danse de l’Indien blanc» se situe dans la descendance de Petrouchka.


Le site du Concours international de piano d’Orléans
Le site de Garrett Byrnes
Le site de Carlos Sandoval
Le site de Toros Can
Le site de Wilhem Latchoumia



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com