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Hongrois, Tziganes et Roumains

Paris
Théâtre du Châtelet
03/08/2009 -  
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 76 – Danses hongroises n° 1 à n° 10
Béla Bartók : Trois chants populaires hongrois du Comté de Csík, sz. 35 – Six danses populaires roumaines, sz. 56

Cédric Tiberghien (piano)


Cédric Tiberghien (© Eric Manas)


Alors qu’il fêtera ses trente-quatre ans dans moins de deux mois, Cédric Tiberghien, révélé en 1998 par son premier grand prix au Concours Long-Thibaud, ne souffre pas du creux qui caractérise la carrière de certains de ses collègues, une fois retombée la curiosité de la découverte d’un nouveau talent. Il faut certes savoir communiquer et se faire connaître, mais le pianiste français n’a pas volé la place qu’il a ainsi acquise dans la vie musicale, ainsi que le confirme ce récital donné dans le cadre des Concerts du dimanche matin de Jeanine Roze, reprenant l’essentiel d’un disque Brahms qu’il vient de publier chez Harmonia mundi.


Animée par un évident plaisir digital, sa lecture des huit Klavierstücke de l’Opus 76 (1878) en souligne la parenté avec les grandes figures du piano romantique du XIXe, Schubert, Mendelssohn, Chopin et Schumann, mais aussi Liszt ou Grieg. Il est des Brahms plus anguleux ou visionnaires, mais cette galerie de portraits hédoniste est assise sur de solides qualités: subtilité de toucher, sûreté technique, sens de la couleur, telles ces basses somptueuses qui ne pèsent jamais.


Brahms et Bartók: l’association est décidément de mise cette saison à Paris, l’Orchestre national consacrant un grand cycle de concerts à une confrontation entre les deux compositeurs. Aucun rapprochement possible, au premier abord, tant leurs esthétiques respectives paraissent assez éloignées, mais l’élément hongrois transparaît souvent dans la musique de Brahms, Hambourgeois devenu plus Mitteleuropa que nature. Quant à Bartók, c’est dans l’actuelle Roumanie qu’il a collecté le matériau de ses Trois chants populaires hongrois du Comté de Csík (1907) et des Six danses populaires roumaines (1915), popularisées par les nombreux arrangements qui en été réalisés pour diverses formations: neuf pièces très brèves, mais riches en saveur folklorique, dont Tiberghien a tendance à enjoliver le caractère authentique et rugueux.


Intégralement placé sous le signe de la petite forme, le récital se conclut sur les dix premières des vingt-et-une Danses hongroises (1869). «Version originale», comme l’indique le programme? Il est pourtant généralement admis que ces Danses ont d’abord été écrites pour quatre mains, mais qu’en 1872, Brahms a lui-même mis au point une version pour piano seul des deux premiers cahiers, les deux autres cahiers, pour quatre mains, n’étant édités qu’en 1880. Ces pages gagnent sans doute à être entendues isolément ou à petites doses: même si la mise en valeur de ces mélodies populaires, au demeurant plus «tziganes» que véritablement «hongroises», brille par son inventivité et sa variété remarquables, l’enchaînement d’un trop grand nombre de pièces de tempérament somme toute assez voisin risque de susciter la monotonie. Tiberghien évite en grande partie cet écueil: économe d’effets douteux et autres alanguissements faciles, il aborde crânement, avec des tempi souvent rapides, la formidable difficulté de cette adaptation – beaucoup de notes, comme si Brahms avait réussi à concentrer sur deux mains la quasi-totalité des parties du quatre mains.


Visiblement ému, Tiberghien offre en bis l’avant-dernière des seize Valses de l’Opus 39 (1865), qu’il dédie à la mémoire de Michèle Perrier, son premier professeur de piano.


Le site de Cédric Tiberghien



Simon Corley

 

 

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