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Sous le parrainage de Tchaïkovski

Paris
Salle Pleyel
03/03/2009 -  
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 104, B. 191
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Manfred, opus 58

Alexander Kniazev (violoncelle)
Orchestre symphonique Tchaïkovski de Moscou, Vladimir Fedosseïev (direction)


Vladimir Fedosseïev (© S. Fernández Ortiz)


Fondé en 1930 par Alexander Orlov, puis dirigé par Nikolaï Golovanov, Alexander Gauk et Guennadi Rojdestvenski, l’Orchestre symphonique de la Radio de Moscou a adopté en 1993 la dénomination d’Orchestre symphonique Tchaïkovski de Moscou. Pourquoi pas, puisque d’autres formations symphoniques se sont également plus ou moins directement placé sous le parrainage d’un compositeur (Beethoven, Mahler, Martinu, Mozart, Schumann, Verdi). Mais celle-ci n’a pas changé de directeur artistique et chef principal depuis 1974, en l’espèce Vladimir Fedosseïev, qui fut par ailleurs en poste à l’Orchestre symphonique de Vienne (1997-2005) et demeure premier chef invité de l’Orchestre philharmonique de Tokyo depuis 1996.


Prélude à une importante tournée en Autriche, ce concert parisien présentait deux œuvres que les musiciens russes viennent d’enregistrer pour Lontano-Productions. C’est leur compatriote Alexander Kniazev qui est le soliste du Second concerto pour violoncelle (1895) de Dvorák: un artiste physique et généreux, soufflant et ahanant, jamais avare de pathos, de bons sentiments et d’effets démesurés, ce que confirme hélas d’emblée l’Allegro initial, par exemple dans ces invraisemblables pianissimi dont se parent l’énoncé du second thème ou le début du développement. Tour à tour grandiose et rhapsodique, le coeur sur la main, usant et abusant du rubato au détriment de la construction du discours, ne soignant pas toujours ses traits, il néglige tout ce que cette musique peut posséder à la fois de noble, d’intime et d’élevé. Et puis vient l’Adagio ma non troppo, où l’expression se fait soudainement plus dépouillée et inspirée, admirable parenthèse avant un Finale fougueux mais retombant dans certains des travers du premier mouvement, notamment dans une section Andante trop sollicitée, où le violon solo peine en outre à se faire entendre dans son dialogue avec le violoncelle. En bis, Kniazev offre d’abord la Sarabande de la Cinquième suite de Bach: pas orthodoxe – si l’on ose dire – pour deux kopecks, fantomatique et errante, aux couleurs étranges, lunaire comme un adagio de Chostakovitch, elle laisse place à l’atmosphère plus rassurante de la Bourrée I de la Troisième suite.


L’orchestre a bien évidemment tenu à mettre Tchaïkovski à son programme et, plutôt que de se contenter de la énième Pathétique de la saison, il a bien fait de rappeler que le compositeur a écrit sept symphonies. En effet, sans même compter l’hypothétique Septième qui a fait l’objet de reconstitutions plus ou moins convaincantes, on oublie souvent Manfred (1885): explicitement sous-titrée «symphonie», elle a été écrite entre les Quatrième et Cinquième, dans la même tonalité de si mineur que la Pathétique... et que le Concerto de Dvorak. Moins de deux mois après Masur (voir ici), la revoici déjà à l’affiche dans la capitale. A la tête d’un effectif fourni (soixante-sept cordes), instrumentalement très convaincant, aux sonorités sombres et âpres, tout sauf stéréotypées – tels ces cors faisant penser à des tenor-tuben ou ces trombones héroïques –, Fedosseïev navigue avec une grande sûreté au milieu des nombreux écueils de la partition: mélodrame, mièvrerie, pompiérisme, mais aussi ennui. Si l’on peut rêver scherzo plus mendelssohnien et orgie plus berliozienne – c’est d’ailleurs au Français que Balakirev avait d’abord suggéré de s’inspirer du poème de Byron pour tracer le plan de ces quatre mouvements qui s’inscrivent dans la lignée de la Symphonie Fantastique et de Harold en Italie – le chef n’en parvient pas moins à faire oublier les tunnels et à éviter les temps morts, aidé en cela par son choix de la version privant le dernier mouvement de sa coda – il est vrai un peu bavarde.


Il ne sera pas pour autant avare en bis, prolongeant ainsi la soirée bien évidemment avec Tchaïkovski – «Chanson d’automne (Octobre)» extraite des Saisons (1876), dans l’orchestration (1942) de Gauk, puis «Danse espagnole» du troisième acte du Lac des cygnes (1877) – dans l’attente de la prochaine visite de l’orchestre, déjà annoncée pour décembre 2010 à Pleyel.


Le site de l’Orchestre symphonique Tchaïkovski de Moscou
Le site de Vladimir Fedosseïev
Le site d’Alexander Kniazev



Simon Corley

 

 

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