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Récital de Nicholas Angelich

Paris
Au fond du texte
01/30/2009 -  
Joseph Haydn : Variations en fa mineur, Hob.XVII.6
Johann Sebastian Bach : Suite anglaise n° 2, BWV 807
Franz Liszt : Sonate en si mineur

Nicholas Angelich (piano)


Nicholas Angelich (© Julien Mignot/Virgin classics)



Pour son récital parisien à l’invitation de Jeanine Roze, Nicholas Angelich n’a pas failli à sa réputation d’exigence, à l’image d’une première partie ne faisant pas de concessions à la facilité: d’abord des Variations en fa mineur (1793) de Haydn au rythme pointé inquisiteur et pénétrant dans les sections en mineur, mais usant d’un léger rubato dans les sections en majeur et conférant à la coda une profondeur déjà toute beethovénienne. Ensuite, le pianiste américain va bien au-delà des querelles entre «authenticité» et style romantique dans la Deuxième suite anglaise de Bach: sa hauteur de vue coutumière ne signifie ni neutralité, ni fadeur, ni indifférence, mais traduit la sérénité de ceux qui savent précisément où ils vont. Son toucher d’une grande richesse, son jeu clair et dépourvu de sécheresse, souple et articulé, fondé sur une totale fiabilité technique, rendent à cette musique sa limpide évidence.


Grand lisztien s’il en est, Angelich investit la Sonate en si mineur (1853) de façon saisissante dès les lentes gammes descendantes initiales. Ce sera ensuite un corps-à-corps avec l’instrument, le pied gauche frappant à l’occasion sur le sol: une interprétation jamais prise en défaut d’engagement, mais sans histrionisme, sans excès de grandiloquence ou de ricanements méphistophéliques. La virtuosité n’en est pas moins là, et bien là, réalisation superlative à l’appui, précise et sonore, puissante mais pas percussive. Adoptant un ton volontiers personnel, allant jusqu’au fond du texte, Angelich met en valeur le caractère rhapsodique de l’œuvre et s’attarde avec gourmandise sur certains détails, faisant parler chaque note pour créer des climats envoûtants, comme ces dernières pages où le temps semble aboli.


En bis, un Rachmaninov tel qu’on aimerait toujours l’entendre, sensible mais pas alangui, subtil et transparent, que ce soit dans le Cinquième (en sol majeur) ou dans l’inévitable Douzième (en sol dièse mineur) des treize Préludes de l’Opus 32 (1910). La soirée se conclut sur une consolation: non pas de Liszt, mais celle qu’apporte la «Rêverie» extraite des Scènes d’enfants (1838) de Schumann, au lendemain des mauvais traitements que lui avait fait subir Denis Matsuev en ce même lieu (voir ici).


La saison offre encore trois occasion d’entendre Angelich à Paris: dès le 13 mars avec Brigitte Engerer et le chœur de chambre accentus dans le Requiem allemand de Brahms, puis le 24 mars, toujours à Pleyel, dans le Premier concerto de Brahms avec le Philharmonique de Strasbourg, et, enfin, le 17 mai au Châtelet, avec Renaud Capuçon et le Quatuor Ebène dans un programme Chausson/Saint-Saëns.



Simon Corley

 

 

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