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A la découverte d’Enesco le mélodiste

Paris
Salle Cortot
01/25/2009 -  
Georges Enesco : Zaghaft (#) – De ziua ta (*) – Trois mélodies, opus 4 (*) – Silence (#) – De la flûte au cor (#) – Doïna (*) – Eu mã duc, codrul rãmâne (arrangement Ioan Pavalache) (*) – Die Kirschen (* #) – Regen (*) – Trois mélodies sur des poèmes de Fernand Gregh, opus 19 (#) – Sept chansons de Clément Marot, opus 15 (*) – Si j’étais Dieu (*)

Leontina Vaduva (*) (soprano), Jacques L’Oiseleur des Longchamps (#) (baryton), Alina Pavalache (piano)





L’Institut culturel roumain organise régulièrement des manifestations musicales à l’ambassade, en l’hôtel de Béhague, non loin du Champ-de-Mars, mais pour ce «concert extraordinaire», c’est salle Cortot que le public était convié (gratuitement): un événement organisé en collaboration avec la Société musicale française Georges Enesco, dont le président d’honneur fut Yehudi Menuhin et dont le bureau, présidé par la mezzo Viorica Cortez, comprend notamment Alain Cophignon, auteur de l’ouvrage de référence sur le compositeur (Fayard), ainsi que la pianiste Alina Pavalache, accompagnatrice de ce programme. «Extraordinaire», le qualificatif est-il exagéré, nonobstant la participation de la soprano d’origine roumaine Leontina Vaduva? En tout cas, exceptionnel, au sens propre, par la rare occasion qu’il offrait d’entendre une grande partie du catalogue vocal d’Enesco.


C’est la diversité, tant des inspirations que des styles, qui frappe sans doute le plus tout au long de la soirée. A la fois chantre de sa patrie et citoyen de l’Europe, Enesco choisit ses textes en plusieurs langues: le roumain, bien sûr, comme dans le bref A ton anniversaire (1900), sur ses propres vers, mais aussi le français, comme pour Silence (1905) ou De la flûte au cor (1902). L’allemand, au travers des poèmes de «Carmen Sylva», alias la reine Elisabeth de Roumanie (1843-1916), tient également une place importante dans son catalogue, comme ce Zaghaft (1898), écrit à l’âge de dix-sept ans. Il importe toutefois de relever que les grands recueils publiés de son vivant – Trois Mélodies de l’Opus 4 (1898), Trois mélodies sur des poèmes de Fernand Gregh (1916/1936) et Sept chansons de Clément Marot (1908) – mettent en musique des poètes français.


Stylistiquement, la diversité étonne encore plus. Héritier de Duparc dans son Opus 4 ou archaïsant dans son Opus 15 comme l’étaient Debussy et Ravel à la même époque, Enesco maîtrise aussi bien les figures germaniques: badinerie brahmsienne du duo Les Cerises (1904), rayonnant lied straussien pour Si j’étais Dieu (1898). Mais ce qui fait vibrer les auditeurs qui ont rempli les gradins de l’Ecole normale de musique, ce sont les mélodies enracinées dans la tradition nationale, comme cette Doïna (1905), originellement pour baryton, alto et violoncelle mais adaptée ici par Ioan Pavalache pour soprano et piano, où s’annonce déjà tout le climat de la Troisième sonate pour violon et piano «Dans le style populaire roumain», et dans Je m’en vais, la forêt demeure (1917), d’un esprit assez voisin de celui de Mahler. Quant à l’écriture pianistique, elle apparaît souvent d’un grand raffinement, comme dans La Pluie (1903/1936) ou dans l’Opus 19, et n’est pas loin d’évoquer le premier Messiaen.


Minauderies, gestes et regards de Castafiore, Leontina Vaduva a hélas trop souvent tendance à confondre scène lyrique et récital de chant, à crier et à abuser du vibrato, et soigne davantage sa diction en allemand qu’en français. Visiblement aux prises avec une certaine nervosité, la pianiste hésite et joue trop fort, le couvercle de l’instrument étant grand ouvert durant toute la première partie et pour la fin de la seconde partie. Dans ces conditions, le baryton Jacques L’Oiseleur des Longchamps est celui qui s’en tire sans doute le mieux, se joignant à la soprano lorsqu’elle reprend en bis Je m’en vais, la forêt demeure et «Aux damoyselles paresseuses d’escrire à leurs amys», troisième des Chansons de Clément Marot. Mais c’est Vaduva qui aura le dernier mot avec un autre extrait de ce recueil, «Changeons propos, c’est trop chanté d’amours».


Le site de l’Institut culturel roumain
Le site de la Société musicale française Georges Enesco
Le site de Jacques L’Oiseleur des Longchamps



Simon Corley

 

 

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