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Sonates de l’Est

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/14/2009 -  et 12 janvier (Lisboa), 22 mars (Moscou) 2009
Leos Janácek : Sonate «1er octobre 1905»
Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58
Serge Rachmaninov : Sonate n° 1, opus 28

Nikolaï Lugansky (piano)


N. Lugansky (© Xavier Lambours)


Boris Berezovsky (né en 1969) et Denis Matsuev (né en 1975), qui s’imposent aujourd’hui dans toute la plénitude de leur talent, sont venus remettre en cause la suprématie incontestée de Nikolaï Lugansky (né en 1972) sur le piano russe de sa génération. Son récital parisien, dans des sonates toutes trois venues de l’Est mais de caractère très éloigné, confirme la place, nullement usurpée, qu’il tient dans le cœur du public français en même temps que certaines limites de son jeu.


On ne l’attendait pas nécessairement dans les à-coups désespérés et passionnés de la Sonate «1er octobre 1905» de Janácek. Il ne s’y départit certes pas de son élégance coutumière, mais il n’en rend ainsi que plus sensibles les déchirures du «Pressentiment» et la poésie immobile de «La Mort», renonçant à cette réserve expressive qui lui est parfois reprochée. Son naturel reprend toutefois le dessus dans une Troisième sonate (1844) de Chopin sans fioritures mais aussi sans feu et sans abandon, où il s’impose par un magnifique sens du phrasé et par des doigts quasi infaillibles, qui lui offrent même quelques occasions de faire preuve, dans les mouvements pairs, de puissance et d’extraversion.


La seconde partie de la soirée est intégralement consacrée à l’immense Première sonate (1908) de Rachmaninov: contemporaine de la Deuxième symphonie et du Troisième concerto mais sans doute dépassée par sa trop grande ambition, elle demeure nettement moins familière que les deux versions de la Seconde sonate. Le compositeur s’inscrit ici dans une descendance lisztienne, tant par son écriture, qui rappelle parfois la Sonate en si mineur, que par son projet, consistant, comme dans la Faust-Symphonie, en un triptyque dont chacun des volets évoque successivement l’un des personnages créés par Goethe. Mais tout Rachmaninov n’en est pas moins là, sa sombre fierté, ses étirements neurasthéniques, cet inévitable Dies iræ qui plane sur l’Allegro molto final. Lugansky possède non seulement la technique requise pour affronter une partition si riche en notes mais la force de résister à toute facilité: autant de qualités qui servent cette musique, mais auxquelles l’adjonction d’un supplément d’âme aurait été bienvenue.


Le pianiste russe n’en veut apparemment pas aux spectateurs qui ont copieusement toussé durant le concert, car il offre quatre bis: la «Berceuse», première des six Mélodies de l’Opus 16 (1872) de Tchaïkovski, telle qu’arrangée en 1941 par Rachmaninov, puis l’Intermezzo du Carnaval de Vienne (1839) de Schumann, plus maniériste que spontané, et la Huitième (en fa majeur) des douze Etudes de l’Opus 10 (1829) de Chopin, où, comme dans l’inévitable Douzième (en sol dièse mineur) des treize Préludes de l’Opus 32 (1910) de Rachmaninov, la démonstration virtuose tend à prendre le dessus.


Le site de Nikolaï Lugansky



Simon Corley

 

 

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