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Rossini sans frontières

Avignon
Opéra-Théâtre
10/26/2008 -  et 3, 5 (Reims), 11 (Vichy), 28 (Avignon) octobre, 7, 9 novembre (Massy) 2008, 13, 15 février (Tours), 5, 7, 9 juin (Metz), 4, 6, 7, 8, 9, 10 octobre (Nancy), 6, 9 (Toulon), 26, 29 (Nice) novembre 2009, 27, 29, 31 janvier (Saint-Etienne), 19, 20, 21, 23, 24 février (Toulouse), 11, 12, 13, 14 (Marseille), 26, 28, 29, 30 mars (Bordeaux) 2010
Gioacchino Rossini : Il Viaggio a Reims
Hye Myung Kang (Corinna), Kleopatra Papatheologou (la Marquise Mélibée), Elena Gorshunova (la Comtesse de Folleville), Oxana Shilova (Madame Cortese), Ekaterina Metlova (Maddalena), Céline Kot (Delia), Rany Boechat (Modestina), Alexey Kudrya (le Comte de Libenskof), James Elliott (le Chevalier Belfiore), Istvan Kovacs (Lord Sidney), Gerardo Garciacano (Don Profondo), Vladimir Stojanovic (le Baron de Trombonok), Armando Noguera (Don Alvaro), Patrick Bolleire (Don Prudenzio), Jean-Christophe Born (Don Luigino), Yann Toussaint (Antonio), Baltazar Zuniga (Zefirino), Romain Pascal (Gelsomino)
Chœurs de l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Luciano Acocella (direction)
Nicola Berloffa (mise en scène)


En choisissant Le Voyage à Reims de Rossini, Raymond Duffaut et ses collègues du Centre français de promotion lyrique prenaient un risque : le chant syllabique rapide, la colorature virtuose, en particulier, exigent une technique très sûre. Rien de tel, en revanche, pour assouplir l’émission et modeler le phrasé. Créé en 1825 et redécouvert dans les années 80, ce savoureux dramma giocoso où se retrouve coincée dans une auberge de Plombières toute une compagnie souhaitant assister au sacre de Charles X à Reims, offre d’ailleurs, plus qu’une vraie trame dramatique, un florilège de scènes de genre et de numéros typiques – d’où également l’appellation de « cantate scénique » - permettant de briller aux protagonistes de la première, les plus grandes voix du moment. Mais pourquoi ne pas faire confiance aux seize directeurs d’opéra français et à celui du Concours et du Festival de Szeged ? Le CFPL, à l’origine du Concours « Voix Nouvelles » en 1988, n’avait-il pas révélé des chanteurs qui, comme Natalie Dessay ou Stéphane Degout, font aujourd’hui les beaux soirs des scènes les plus prestigieuses ? Présidé par Nicolas Joël, le jury a choisi, au printemps 2007, 28 jeunes chanteurs de nationalités différentes pour deux distributions, qui se produiront en France jusqu’en mars 2010 et donneront, un an plus tard, la dernière représentation à Szeged. Quand on sait qu’une dizaine de personnages ne quittent guère le premier plan, on mesure toute l’audace de l’entreprise, placée sous le haut patronage du Ministère de la culture.


Après Reims et Vichy, Avignon a accueilli Le Voyage à Reims. Un bel ensemble production, même si la production peut parfois se révéler inégale, ce qui est la loi du genre. Le Don Profondo du Mexicain Gerardo Garciacano, le Lord Sidney du Hongrois Istvan Kovacs, par exemple, sont un peu timides, un peu pâles pour représenter les basses rossiniennes, bouffe ou noble. Mais les deux ténors, très différents, se posent d’emblée comme des voix à suivre de près. Le Chevalier Belfiore de l’Anglais James Elliott, dont le joli timbre devra s’affirmer, s’avère très stylé, avec un beau phrasé, tandis que le Comte de Libenskof du Russe Alexey Kudrya, qui a plus d’éclat dans la voix, montre déjà une belle assurance, notamment dans la vocalisation. Si la Russe Oxana Shilova semble encore verte en Madame Cortese, la Comtesse de Folleville de sa compatriote Elena Gorshunova, loin d’être encore la diva qu’appelle le rôle, affronte les embûches de son air redoutable non sans une certaine aisance ; c’est pourtant la Corinna de la Coréenne Hye Myung Kang qui, parmi les sopranos, reste d’abord dans la mémoire, par l’homogénéité du timbre, la qualité du legato dans le canto spianato lorsqu’elle apparaît s’accompagnant à la harpe. La plus impressionnante s’avère toutefois la Marquise Melibée de la Grecque Kleopatra Papatheologou, peut-être un authentique contralto musico, par la richesse du timbre et la pertinence stylistique. Il n’est pas non plus de buffa rossinien sans les ensembles : c’est là où apparaît également toute la qualité du travail accompli. Avant que la rapidité du célèbre finale du premier acte mette tout le monde sur la corde raide, le Sextuor est quasi parfait. Cette réussite globale doit beaucoup à la direction aussi fine qu’attentive de l’excellent Luciano Acocella, qui a compris que Rossini est un compositeur subtil à diriger comme Mozart et que l’orchestre ne doit pas se borner à un rôle d’accompagnateur. Les musiciens du lieu, peu familiers de ce répertoire, ont fait un beau travail – saluons au passage la flûtiste soliste de l’air de Lord Sidney -, tout comme le chœur, en grand progrès grâce à Aurore Marchand. La mise en scène de Nicola Berloffa convainc beaucoup moins, malgré les jolis décors clean style années 30. On peut faire du Voyage à Reims une sorte de comédie musicale, encore faut-il y apporter la précision, le rythme exigés par le genre ; tout semble ici à la fois trop approximatif et trop convenu, comme si le champagne rossinien s’était éventé.


Le site du Centre français de promotion lyrique



Didier van Moere

 

 

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