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Le sourire de Mahler

Paris
Salle Pleyel
09/11/2008 -  
Olivier Messiaen : Un sourire
Gustav Mahler : Neuvième Symphonie en ré majeur

Orchestre de l’Opéra national de Paris, Jonathan Nott (direction)


Jonathan Nott (© Franck Merville/Opéra national de Paris)



Est-ce parce que, à la même heure, le Théâtre des Champs-Elysées accueillait la Staatskapelle de Dresde (lire ici) ? Parce que la Neuvième Symphonie de Mahler est moins populaire que d’autres ? Parce que le concert de proposait aucun concerto ? Jonathan Nott et l’Orchestre de l’Opéra de Paris, en tout cas, sont loin d’avoir rempli la salle Pleyel.


Ils ont pourtant donné un fort beau concert. Dans Un sourire de Messiaen, bref hommage à Mozart où le compositeur, un an avant sa mort, semble se copier lui-même, on notait d’emblée un bon équilibre entre la contemplation extasiée - « mélodie érotique », selon le chef - et le chant jubilatoire des oiseaux – faute de cet équilibre, le morceau semble décousu. Simple hors-d’œuvre, alors que la dernière symphonie achevée de Mahler, dont la durée approche l’heure et demie, peut suffire à remplir la soirée ? Plutôt une introduction, selon Jonathan Nott, « afin de permettre aux ondes du cerveau de se détendre, de se préparer aux éléments fragmentés qui commencent la Neuvième Symphonie de Mahler ». Ce sont précisément ces éléments fragmentés que souligne sa direction : au lieu d’exacerber les tensions de l’Andante comodo initial dans une perspective de post-romantisme incandescent, il privilégie la polyphonie, adopte une lecture assez horizontale, où les lignes se composent et se décomposent, avortent ou se développent, donnant l’idée d’un monde au bord de l’implosion. Une interprétation peut-être un rien cérébrale, très moderne, où l’on sent le familier de la musique contemporaine. Ce traitement réussit moins au Ländler, pourtant parfaitement maîtrisé, que l’on aimerait tantôt plus piquant tantôt plus viennois, plus au second degré surtout. Le Rondo-Burlesque, en revanche, est superbe, servi par un orchestre virtuose atteignant ici le niveau de grandes phalanges internationales. Le parti pris de clarté le rend plus implacable et plus grinçant encore. A l’instar du premier mouvement, l’Adagio final refuse tout pathos, le tragique combat de la vie et de la mort débouche, dès les premières mesures, sur une catharsis ; Jonathan Nott continue à privilégier la pureté des lignes, avant même que la harpe, « avec ces tierces mineures qui swinguent en avant et en arrière », n’amorce l’entrée vers la lumière. Dans les dernières mesures, où l’on n’entend plus qu’un orchestre de solistes, les cordes émettent des sonorités d’une finesse dont n’est capable aucun autre orchestre parisien. Et cette fin donne a posteriori raison au chef : « […] la beauté, la pureté, la spiritualité de Messiaen pendant dix minutes, c’est une excellente introduction […]. » Comme si la Neuvième de Mahler, après avoir grimacé, s’achevait sur un sourire.



Didier van Moere

 

 

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