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Tosca est un bon faucon... crécerelle!

Toulouse
Théâtre du Capitole
01/22/1999 -  et 23, 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31 janvier 1999
Giacomo Puccini : Tosca
Galina Kalinina/Fiorenza Cedolins (Tosca), Ignacio Encinas (Cavaradossi), Juan Pons/Alain Vernhes (Scarpia), Luigi Roni (Angelotti), Jean Brun (le Sacristain),
Ricardo Cassinelli (Spoletta)
Orchestre et choeurs du Capitole, Arthure Fagen (direction)
Nicolas Joël (mise en scène)

Cette reprise de la médiocre production de Nicolas Joël prouve, s'il en était besoin, qu'un opéra ne peut vivre en scène sans des chanteurs qui ne soient aussi des acteurs convaincus. Dans des décors d'une insigne laideur -des plaques de contre-plaqué marron-jaune qu'on dirait arrachées à la façade de quelque hideux HLM de banlieue- des personnages vont et viennent de façon erratique. Voilà à peu près tout ce que l'on peut retenir des idées, ou de l'absence d'idées, d'une mise en scène peu avare en absurdités de toutes sortes (Spoletta suit Tosca à sa sortie de l'église en prenant... la direction inverse; faute de statue de la Madone, Tosca prie face à la chapelle fermée des Attavanti, inaugurant ainsi une nouvelle religion, le culte de la porte... qu'elle ferait mieux de prendre). La direction d'orchestre n'est guère plus concernée. Bruyante mais sans dramatisme, couvrant souvent les voix, indûment lente et sans relief, morcelée dans le déroulement des ensembles, elle ne soutient l'action à aucun moment. Dommage, l'orchestre du Capitole à son meilleur offre un son plein, rond, puissant, vraiment séduisant. Seul le jeu des chanteurs ainsi livrés à eux-mêmes peut donner un semblant de vie à cet océan de platitude. Il faut bien le dire, la première distribution échoue à peu près complètement dans cette mission. Galina Kalinina est totalement dépassée par les exigences du rôle et n'offre qu'un chant hideusement agressif, sans graves et à l'aigu aussi agréable que le bruit d'une craie humide sur un tableau noir. On a sérieusement du mal à croire que cette dame ait pu prendre des cours de chant à une époque, même lointaine. Seulement occupée à canaliser une voix qui lui échappe, elle ne cherche à aucun moment à jouer son personnage. Juan Pons, dont les débuts à Toulouse étaient très attendus, est bien décevant. Certes son chant est soigné, à défaut d'être remarquable, mais il semble se désintéresser totalement de son personnage et cesse de jouer dès qu'il n'a plus à chanter. Dans ces conditions, l'affrontement Tosca/Scarpia du second acte n'a pas vraiment lieu, chacun donnant l'impression d'attendre que l'autre ait fini de chanter pour commencer à bouger. Les seconds plans vont de l'insignifiant (Angelotti, le Sacristain) au carrément catastrophique (Spoletta est simplement grotesque).Seul le ténor Ignacio Encinas sauve quelque peu cette équipe du naufrage par l'engagement et le dramatisme sincère de sa prestation. Même si sa voix n'est pas la plus belle du monde, même si l'on sent par instant une certaine tension ou de la fatigue, le chant est toujours soigné, intelligent, nuancé. Et la tâche est rude si l'on pense que, suite à la désaffection du premier ténor prévu, il est obligé d'assurer la quasi-totalité des représentations. De plus, ses efforts, même maladroits, pour incarner le jeune peintre, son défi face à Scarpia, ses affres devant la mort, sont vraiment touchants. Il est heureusement bien mieux entouré dans la deuxième distribution où il rencontre enfin un Scarpia digne de ce nom :Alain Vernhes. Le chanteur français, déjà apprécié sur cette même scène dans Louise, a l'aplomb et la vigueur nécessaires à son personnage. Il sait rendre par un jeu constamment engagé le sadisme et la violence du cruel baron avec une vérité saisissante. Son chant d'une terrible puissance sait se faire nuancé, aussi insinuant et séducteur que son personnage est fourbe. L'électricité qu'il dégage sur scène arrive même à réveiller quelque peu le chef de sa confortable routine. On peut trouver un exemple saisissant de la différence de dramatisme entre ces deux Scarpia lors du "Vissi d'arte" de Tosca. Alors que Juan Pons attend placidement derrière sa chaise que sa camarade veuille bien finir sa note, Alain Vernhes garde une présence inquiétante, lourde de menaces. La Tosca de Fiorenza Cedolins, nettement plus audible malgré une voix quelconque que Galina Kalinina, reste néanmoins en retrait. Empêtrée dans une gestuelle convenue, elle donne l'impression de vouloir "jouer a la dame" sans toujours éviter le ridicule (ah! les mains qui se tordent tandis que les yeux roulent...). Plus que protagoniste principale, elle est une honnête partenaire pour ce Scarpia inspiré. Une Tosca sans véritable Tosca, voilà qui est assez gênant. Et même si les prestations d'Ignacio Encinas et Alain Vernhes méritent vraiment le détour, on ne peut que souhaiter les revoir dans un contexte plus favorable.



Laurent Marty

 

 

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