About us / Contact

The Classical Music Network

Compiègne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Energico

Compiègne
Château de Pierrefonds
07/11/2008 -  
Jean-Baptiste Morin : La Chasse du cerf (extraits)
Bohuslav Martinu : Sinfonietta giocosa, H. 282
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7, opus 92

Blandine Arnould, Julie Cherrier (sopranos), Arnaud Vabois (ténor), Claire Désert (piano)
Orchestre de Picardie, Pascal Verrot (direction)


(Philippe Berthé © CMN Paris)


Sous la devise «De la musique, naturellement», le Festival des forêts, jusqu’au 20 juillet, reste fidèle à son ambition: associer de façon originale nature et musique – y compris jusqu’au moment des rappels, où, au lieu des traditionnelles fleurs, ce sont de petits arbustes qui sont offerts aux musiciens par les bénévoles du festival. Randonnée, promenade, illuminations, pique-nique ou bien «sonore et visuel», le concert se décline selon des variantes inattendues et, pour cette seizième édition, sur le thème de la chasse, dont l’histoire, en ces forêts de Compiègne et de Laigue, remonte aux Capétiens. Pierrefonds accueille trois des quinze concerts du festival, dont deux au château: devant initialement se tenir dans la cour, celui proposé par l’Orchestre de Picardie et Pascal Verrot, qui en est le directeur musical depuis 2003, s’est prudemment replié sur la salle des gardes, en raison d’une météo un peu capricieuse.


C’est à Fontainebleau que fut créée le 25 août 1708, en présence du roi, La Chasse du cerf de Jean-Baptiste Morin (1677-1754), «ordinaire de la musique» du duc Philippe d’Orléans, le futur régent. Ce «divertissement» associe à un orchestre traditionnel («dessus» et basse continue) trois voix solistes ainsi que des instruments de chasse (cors, trompette) ad libitum: pour l’occasion, les cors modernes en tiennent lieu et la partition a été abrégée, notamment de ses «airs à boire», ainsi que l’explique Pascal Verrot. Avant de diriger ces vingt minutes de robuste musique «en ut majeur» où l’on reconnaît la sonnerie «L’ancienne vue», qui deviendra, soixante-dix ans plus tard, le thème du finale de la Soixante-treizième symphonie «La Chasse» de Haydn, le chef présente avec gourmandise le texte impayable de Jean de Serré de Rieux, par ailleurs auteur d’un Dictionnaire de la chasse du cerf: curieux mélange d’hommages convenus à Diane, de «taïaut!», d’hallalis, et d’un impayable refrain «Allez mes toutous!».


Charlotte Quenehen naquit en 1894 à Vieux-Moulin, petit village situé entre Compiègne et Pierrefonds. Venue travailler à Paris comme couturière dans les années 1920, elle y épouse en 1931 un compositeur tchèque sans le sou venu quelques années plus tôt étudier auprès d’Albert Roussel: Bohuslav Martinu passa plusieurs étés dans la maison de sa belle-famille, où il écrivit entre autres le cycle pianistique Fenêtre sur le jardin et les Madrigaux tchèques, mais aussi, après-guerre, la Troisième sonate pour violoncelle et piano. C’est là aussi qu’il commença à travailler à son Double concerto, témoignage de ce tragique automne 1938 au cours duquel les démocraties abandonnèrent la Tchécoslovaquie. Deux ans plus tard, la France est à son tour frappée: le 16 juin, son élève Vitezslava Kapralova, avec laquelle il entretenait une liaison, décède à l’âge de vingt-cinq ans et, réfugié à Aix-en-Provence, c’est en attendant un visa pour les Etats-Unis qu’il compose sa Sinfonietta giocosa (1940/1941).


Faisant abstraction de ce contexte sombre, Martinu livre l’une de ses œuvres les plus dynamiques, d’une hyperactivité qui ne s’interrompt que dans le bref Andantino introduisant le finale: ce «dernier cadeau de France», ainsi que le précise la dédicace à la pianiste Germaine Leroux, résonne ainsi comme un regard rétrospectifs sur les dix-sept heureuses années passées à Paris et comme un défi en ces temps difficiles. Le qualificatif de «sinfonietta» ne doit pas tromper: non seulement sa durée atteint la demi-heure mais bien plus que la Première symphonie de 1942, elle annonce les pages plus tardives pour la même formation (piano et orchestre de chambre) que sont Toccata et due canzoni ainsi que la Sinfonietta La Jolla. L’esprit demeure celui du concerto grosso (avec concertino soliste dans le troisième mouvement), forme à laquelle il a précédemment recouru à de nombreuses reprises: concertant ou même fondu dans l’orchestre (cordes, bois sans clarinettes, cors), le piano se voit toutefois attribuer deux importants solos (troisième et quatrième mouvements). En raison de l’exiguïté relative de la salle, le piano se déploie avec un peu trop de générosité et l’ensemble tend à saturer. La faute n’en revient nullement à Claire Désert, dont il faut espérer qu’elle pourra faire fructifier en d’autres lieux l’important travail d’apprentissage requis par une telle pièce et qui, en bis, offre Ondine, extrait du Second livre (1912) des Préludes de Debussy.


Après l’entracte, Pascal Verrot demeure dans un registre très énergique avec une Septième symphonie (1812) de Beethoven instrumentalement incertaine, mais vigoureusement scandée. Comme en première partie, l’acoustique ne sert pas une telle approche, les trompettes et timbales paraissant trop souvent excessivement avantagées au regard d’un effectif réduit (une vingtaine de cordes). Généralement un peu lents, les tempi contribuent à cette impression d’une lecture énergique mais trop appuyée, allant même jusqu’à l’excès dans le Trio du Scherzo.


Le site du Festival des forêts
Le site de l’Orchestre de Picardie
Le site du château de Pierrefonds



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com