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Remarquable Saint François d’Assise au Nederlandse Opera

Amsterdam
De Nederlandse Opera
06/01/2008 -  et 4, 7*, 11, 16, 19, 22, 26, 29 juin 2008
Olivier Messiaen : Saint François d’Assise
Rod Gilfry (Saint François), Camilla Tilling (L’Ange), Hubert Delamboye (Le Lépreux), Henk Neven (Frère Léon), Tom Randle (Frère Massée), Donald Kaasch (Frère Elie), Armand Arapian (Frère Bernard), Jan Willem Baljet (Frère Sylvestre), André Morsch (Frère Rufin)
Koor van de Nederlandse Opera, Martin Wright (chef de chœur), Nathalie Forget, Valérie Hartmann-Claverie, Bruno Perrault (ondes Martenot), Residentie Orkest, Ingo Metzmacher (direction)
Pierre Audi (mise en scène), Jean Kalman (décors, éclairages), Angelo Figus (costumes), Erwan Huon (vidéo), Klaus Bertisch (dramaturgie)



(© Ruth Walz/De Nederlandse Opera)


Olivier Messiaen aurait eu cent ans cette année. Comment l’ignorer, dans la mesure où cet anniversaire est célébré très largement en France, mais également hors des frontières de l’Hexagone ? C’est ainsi l’occasion pour De Nederlandse Opera d’Amsterdam de conclure sa saison avec une production aboutie, nonobstant quelques réserves, de Saint François d’Assise, l’unique opéra de Messiaen. Une première scénique pour les Pays-Bas, vingt-cinq ans après la création de ce gigantesque ouvrage à l’Opéra Garnier.


La disposition de l’orchestre au fond de la scène et les dimensions idéales de la salle (hémisphérique et offrant une capacité d’un peu plus de 1 600 places) confèrent à ce spectacle une certaine intimité ; les spectateurs au premier rang auraient presque pu par moments toucher Saint François. Sans doute était-ce l’intention de Pierre Audi, directeur artistique des lieux, qui réalise un travail approfondi sur l’expression corporelle, en particulier faciale. Rien d’exagérément stylisé, néanmoins, même si l’ensemble tend parfois au statisme. Mais Saint François d’Assise, peut-être avant tout destiné à être écouté plutôt que vu, baigne naturellement dans cette atmosphère contemplative où le temps semble plus d’une fois suspendu. Ne pas en faire de trop ni trop peu, tel est le difficile idéal à atteindre dans cet opéra singulier : Pierre Audi a relevé le défi sans faute.


Si les personnages se présentent avec un visage humain et authentique, les décors, admirablement éclairés, et dominés pas de gigantesques échafaudages en fer, installent l’action dans un cadre intemporel, mystique et plein de poésie. Dans les deuxième et troisième actes, les musiciens sont placés sous une énorme coupole, ouvrant tantôt sur un ciel bleu éclairé d’étoiles, tantôt vers un ailleurs indéfinissable. Formidable tableau du deuxième acte, Le prêche aux oiseaux, dans lequel Pierre Audi a imaginé Saint François et Frère Massée enseigner l’ornithologie à des enfants dessinant des oiseaux à la craie, offre une débauche de couleurs que Messiaen n’aurait pas désavouée. La fin du huitième tableau baigne quant à elle dans une lumière éclatante. Autant d’éléments qui démontrent la grande cohérence scénique de ce Saint François d’Assise visuellement stupéfiant.


Le livret d’Olivier Messiaen appelle une diction française impeccable afin d’en souligner la charge spirituelle. Là réside la principale lacune du spectacle, même si l’on devine un louable effort en ce sens : Armand Arapian (Frère Bernard) est le seul francophone de la distribution et sans doute est-il permis de le regretter. Mais le plateau, y compris le chœur maison, mérite du reste d’être applaudi, à commencer par le baryton américain Rod Gilfry qui signe un double début (dans le rôle et au Nederlandse Opera) remarquable dans son incarnation très juste de Saint François, même si son personnage n’est pas le plus charismatique qui soit. A saluer également le Frère Massée de Tom Randle, de surcroît excellent comédien, ainsi que la prestation émouvante et finement dramatique d’Hubert Delamboye dans le rôle du Lépreux – était-il toutefois nécessaire de l’affubler d’un ridicule costume jaune et noir, et ce malgré le livret (« Maintenant, je suis comme une feuille frappée de mildiou : tout jaune, avec des taches noires… ») ? Accusant quelques instabilités dans la ligne vocale, Camilla Tilling met au service son timbre céleste dans le rôle de l’Ange.


Le Residentie Orkest, précis et expressif, ainsi qu’Ingo Metzmacher récoltent une acclamation méritée. Justice à été rendue à la gigantesque partition d’Olivier Messiaen, révélée dans toute sa beauté par une prestation égale de bout en bout, sans baisse de tension ni faiblesse. La standing ovation ne s’est pas faite attendre pour accueillir cette production que l’on espère retrouver en DVD.


Le site du Nederlandse Opera





Sébastien Foucart

 

 

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