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Auvers-sur-Tage

Paris
Auvers-sur-Oise (Eglise Notre-Dame)
05/23/2008 -  
Joaquin Rodrigo : Dos danzas espanolas – Concierto de Aranjuez
Mauro Giuliani : Concerto pour guitare en la, opus 30 (extrait)
Manuel de Falla : Siete canciones populares espanolas
Karol Beffa : La Nef des fous

Emmanuel Rossfelder (guitare)
Orchestre de la Garde républicaine, Sébastien Billard (direction)


Pour sa vingt-huitième édition, du 16 mai au 27 juin, le Festival d’Auvers-sur-Oise, toujours sous la direction de Pascal Escande, propose vingt-et-un concerts en sept week-ends, entourés par un «prélude» à Paris (8 avril) et un «postlude» (14 et 21 septembre), dans le cadre aussi exceptionnel qu’immuable de l’église Notre-Dame, mais également dans les villages alentours. En ce Val-d’Oise marqué à jamais par les peintres, la thématique, d’une année sur l’autre, reste fidèle à un principe simple: mettre en valeur à la fois un compositeur et un plasticien contemporains – ainsi, pour cet «opus 28» sous-titré «polychromie(s)», l’omniprésent Karol Beffa (né en 1973) et [Guillaume] Corneille [Beverloo] (né en 1922), l’un des fondateurs du groupe CoBrA. Et, comme de coutume, l’affiche rassemble vedettes (Michel Beroff, les frères Capuçon, Michel Dalberto, Anne Gastinel, Jean Guillou, Denis Matsuev, Dominique Merlet, Patricia Petibon, Anne Queffélec, Fazil Say, ...) aussi bien qu’éléments prometteurs de la génération montante (Fanny Clamagirand, l’Orchestre Ostinato, le Quatuor Modigliani, Nemanja Radulovic, ...).


A la veille d’un récital «Tonadillas y canciones» avec la mezzo Yana Boukoff, Emmanuel Rossfelder était au centre d’un concert à dominante hispanique, intitulé «Clair obscur en terre castillane. En route vers Madrid via Aranjuez». La route est cependant longue jusqu’à la résidence des rois d’Espagne, même si c’est avec Joaquin Rodrigo que commence le voyage: mais ses Deux danses espagnoles (1966), fidèles à un néoclassicisme à peine relevé par quelques dissonances, déçoivent par une couleur locale qui semble décidément bien factice.


Le héros de la soirée apparaît ensuite dans le long Allegro maestoso (premier mouvement) du Concerto en la (1808) de Mauro Giuliani (1781-1829), le Paganini de la guitare. Certains musiciens méritent d’être écoutés les yeux fermés: c’est le cas d’Emmanuel Rossfelder, qui assure le spectacle à chaque instant, même lorsqu’il ne joue pas, comptant ses mesures de la main droite tout en lançant regards et sourires complices au public et au chef. Cela étant, la guitare, grâce à l’acoustique, gagne en volume et en rondeur ce qu’elle perd en clarté d’articulation.


De même, la réverbération, au demeurant remarquablement limitée pour une église, contribue à émousser les angles dans les Sept chansons populaires espagnoles (1914) de Falla, effet qu’accentue l’orchestration choisie par l’Orchestre de la Garde républicaine et son chef adjoint, Sébastien Billard: un travail dont le livret – pas plus que les musiciens interrogés à l’entracte – ne sont en mesure de révéler la paternité, car si Ernesto Halffter a bien réalisé une version pour chant et orchestre, la partie vocale, répartie entre les différents pupitres de l’orchestre, disparaît ici complètement.


La seconde partie débute par La Nef des fous (2006) de Beffa, que celui-ci présente au public comme une ouverture, un hymne à la vitesse et un concerto pour orchestre :de fait, il cite amplement le mouvement central de celui de Lutoslawski. Mais au-delà d’une agitation incessante visant sans doute à traduire musicalement le tableau de Jérôme Bosch, ces sept minutes manquent si cruellement d’originalité que prévaut sans cesse l’impression d’une succession de très brèves réminiscences dont l’enchaînement rapide ne permet pas toujours l’identification – même si l’on croit rencontrer furtivement le Le Mandarin merveilleux de Bartok ou l’Adagio assai du Concerto en sol de Ravel.


Fin de l’itinéraire et objectif atteint avec le Concerto d’Aranjuez (1939) de Rodrigo, pour lequel la plupart des spectateurs avaient sans doute fait le déplacement, et plus particulièrement pour son Adagio: «on a envie de pleurer», murmure une dame à sa voisine, tandis qu’une autre, un peu plus loin, sort un mouchoir en papier. Emmanuel Rossfelder leur en donne pour leur argent, davantage dans la suavité que dans l’épure, cabotinant jusqu’à ajouter par exemple un accord de son cru sur la dernière note.


Trois bis, autant d’incontournables de la guitare, viennent heureusement compléter un programme somme toute assez court: «Asturias» (cinquième mouvement de la Suite espagnole (1886) pour piano d’Isaac Albéniz), «Romance d’amour» (la musique de Jeux interdits) et Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tarrega (1852-1909), les deux premiers arrangés (parfois de façon bien kitsch) par Alexandre Lagoya, à la mémoire duquel Rossfelder, qui fut son élève, dédie le troisième.


Le site du Festival d’Auvers-sur-Oise
Le site d’Emmanuel Rossfelder



Simon Corley

 

 

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