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Le plein d’émotion

Paris
Salle Gaveau
05/15/2008 -  
Suzanne Giraud : Concerto pour basson «Crier vers l’horizon»
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 27, K. 595
Franz Schubert : Symphonie n° 4 «Tragique», D. 417

Régis Roy (basson)
Orchestre Colonne, Jean-François Heisser (direction)


Inlassablement, la musique de notre temps, toutes les musiques de notre temps, en «lever de rideau»: sous la direction artistique de Laurent Petitgirard, l’Orchestre Colonne reste fidèle à ce principe, même lorsqu’il est confié à un autre chef. Occasion, en l’espèce, de réentendre le Concerto pour basson «Crier vers l’horizon» (1991) de Suzanne Giraud (née en 1958): créée en 1993 par Paul Riveaux (Ensemble intercontemporain), la partition poursuit ainsi une belle carrière, précédemment servie par Laurent Lefèvre (Opéra de Paris) et Magali Cazal (Orchestre national de Montpellier) et désormais – au basson et non au fagott – par le titulaire de l’Orchestre Colonne.


Régis Roy adopte une approche libre et expressive, qui sert avec une magnifique éloquence cette œuvre où la modestie de l’effectif (cordes, flûtes et clarinettes par deux, timbales battant comme un cœur) n’en recèle pas moins des trésors de sonorité et d’intensité. D’ailleurs, s’il en est un qui «crie», c’est l’accompagnement davantage que le soliste – on a presque envie d’écrire le solitaire – dont la plainte poétique s’élève au-dessus d’un univers désolé et hostile, ne rencontrant qu’in fine un écho encourageant – souvenir? rêve? illusion? – dans un solo de violon. Un concerto? Sans doute, malgré sa brièveté (dix minutes d’un seul tenant), avec sa cadence peu avant la fin, comme il se doit, mais avant tout une page qui ose le lyrisme et la mélodie sans succomber à la complaisance.


Le compositeur «favori» – à supposer que le qualificatif ait un sens – de Suzanne Giraud? Mozart, bien sûr, dont Jean-François Heisser interprète ensuite le Vingt-septième concerto (1791). Est-ce le pansement que l’on devine au majeur de la main droite, qui, sans mettre en péril la technique, le retiendrait de s’extérioriser et d’accentuer les contrastes dynamiques? Toujours est-il que le pianiste demeure étrangement en retrait, son refus des concessions confinant à la sécheresse: trop posé dans les deux Allegro, il se relâche à peine dans le Larghetto central. Et c’est dans un bis en totale rupture stylistique que Heisser, retrouvant sa chère Espagne avec la Danse du meunier extraite du Tricorne (1915) de Falla, semble enfin s’épanouir.


En seconde partie du concert, une Quatrième symphonie «Tragique» (1816) de Schubert plus classique que romantique, malgré un Menuetto très enlevé mais un peu raide, et un Allegro final où l’urgence et la vigueur reprennent leurs droits, ne laisse pas beaucoup plus de place aux élans et aux épanchements. Comme si le plein d’émotion avait été fait d’emblée avec Crier vers l’horizon.


Le site de Suzanne Giraud



Simon Corley

 

 

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