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Colères

Paris
Salle Pleyel
03/20/2008 -  
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1, opus 77/99
Antonin Dvorak : Symphonie n° 9 «Du nouveau monde», opus 95, B. 178

Christian Tetzlaff (violon)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Christian Tetzlaff, qui vient de jouer à plusieurs reprises le Kammerkonzert de Berg avec Pierre Boulez et l’Ensemble intercontemporain (voir ici), passe, avec l’Orchestre de Paris, au Premier concerto (1948) de Chostakovitch, un compositeur pour lequel il n’éprouve pas la même aversion que le fondateur de l’IRCAM, qui le qualifie de «troisième pression à froid» de Mahler: bien au contraire, le violoniste allemand en donne une interprétation proche de l’idéal. A bientôt quarante-deux ans (le 24 avril prochain), il ne fait certes pas la une des gazettes people et à peine plus celle des magazines spécialisés, mais cette relative discrétion dissimule l’un des archets les plus remarquables du moment, ce que vient confirmer chacune de ses apparitions dans la capitale.


Bénéficiant d’une rare attention de la part du public de la Salle Pleyel, il livre ici une prestation remarquablement complète, à la fois somptueuse et déchirante, éloquente et lyrique dans le Nocturne et la Passacaille, précise et tranchante dans le Scherzo et la Burlesque, où sa sonorité sait aussi adopter une laideur très étudiée. Sachant trouver la puissance requise face à l’orchestre, il déploie une technique qui résiste à de fantastiques prises de risque. Tetzlaff, qui sera de retour dès le 26 mai prochain au Théâtre des Champs-Elysées en récital avec Leif Ove Andsnes, offre la Sarabande de la Deuxième partita de Bach: décidément le bis fétiche des violonistes, que ses compatriotes Julia Fischer, Frank Peter Zimmermann et Isabelle Faust avaient chacun déjà choisi lors de leur récente venue à l’Orchestre de Paris.


Si la première mondiale du Premier concerto de Chostakovitch fut d’abord envisagée aux Etats-Unis mais se tint finalement à Leningrad – ainsi que le rappelle Marcel Marnat dans ses notes toujours aussi parfaites et captivantes, qui placent l’ensemble du programme sous le signe de la colère –, c’est bien à New York que la Neuvième symphonie «Du nouveau monde» (1893) fut créée. Au cours de cette saison slave à l’Orchestre de Paris, Dvorak est particulièrement à l’honneur, mais le souvenir laissé par Christoph Eschenbach dans la Huitième, fin janvier, était pour le moins mitigé (voir ici).


Le directeur musical reste fidèle, pour l’essentiel, à ses partis pris: épaisseur et profondeur karajanesques et wagnériennes, dans le mauvais sens des termes, emphase et lourdeur, ficelles théâtrales et effets spectaculaires, tempi instables et surlignage, comme dans ces ralentis qui précèdent presque systématiquement les points culminants de la partition. Bref, c’est ce qui s’appelle en faire des tonnes, mais cette approche est défendue avec cohérence et mise en œuvre avec conviction: une démonstration de force orchestrale, soigneuse et appuyée, à laquelle échappe toutefois le Largo, où l’équilibre entre les pupitres, telles ces clarinettes qui se faufilent entre violons et violoncelles, suscitent l’admiration.



Simon Corley

 

 

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