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Marseille
Opéra
03/11/2008 -  et 13, 16, 18 et 21 mars
Giuseppe Verdi: Un ballo in maschera
Micaela Carosi (Amelia), Eugénie Grünewald (Ulrica Arvidson), Laura Hynes-Smith (Oscar), Giuseppe Gipali (Gustave III, Roi de Suède), Marco Di Felice (Renato), Jean Teigen (Samuele), Patrick Bolleire (Tom), Olivier Heyte (Silvano), Julien Dran (un serviteur)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille, Nader Abbassi (direction musicale)
Katia Duflot (costumes), Alain Chambon (décors), Philippe Grosperrin (lumières), Cookie Chialapone (chorégraphe/assistante à la mise en scène), Jean-Claude Auvray (mise en scène).


La censure qui a tracassé la création de Un ballo in maschera (1859) aura au moins eu un effet positif : elle nous laisse deux contextes historiques pour une seule œuvre. La version dite de Boston, imaginée pour plaire à Anastasie, et celle, souhaitée par Verdi, de Stockholm. Dans cette co-production de l’Opéra d’Avignon, du Théâtre de Caen et de l’Opéra de Rennes (vue également à Nice, à Lausanne et aujourd’hui à Marseille) Jean-Claude Auvray, metteur en scène prolixe et souvent talentueux, délaisse la cour du Gouverneur de Boston, Comte de Warwick, et choisit de rendre à Gustave ce qui appartient à Gustave. Le choix d’Auvray se défend : la cour « Européenne » de ce monarque très louis-quinzien offre un cadre idéal au climat romantico-romanesque du drame qui se noue dans un monde de l’illusion, souligné dans cette mise en scène, où la tragédie de personnages qui courent tous à la mort derrière leur masque, passe encore plus inaperçue. Hélas, la réussite, à part pour le dernier tableau, n’est pas au rendez-vous. La mise en scène s’étire à n’en plus finir dans un décor quasi-unique fait de hauts lambris qui s’ouvrent et qui se ferment pour délimiter l’espace scénique. Si, tout de même, un arbre occupe une grande partie de la première scène du deuxième acte. Pour le reste, on n’a pas vraiment l’impression d’avoir quitté la très austère cour du Gouverneur de Boston, tant cet ensemble est ennuyeux. Les chœurs, livrés souvent à eux-mêmes, avec des déplacements brouillons, parviennent néanmoins à bien chanter.

Heureusement, il y a l’exécution musicale. Il faut pourtant commencer par le point faible de cette distribution, au demeurant excellente. On peut trouver à Giuseppe Gipali qui interprète le rôle de Riccardo, toute la vaillance que l’on voudra, des aigus cinglants, un timbre clair, une voix qui porte bien au-delà de la fosse – et pourtant, quel tintamarre dans cette fosse – mais on ne peut pas dire qu’il soit à sa place dans cet emploi de ténor lyrique. Sans être di grazia sa voix conviendrait davantage à Donizetti, ou à Rossini. Certes, il parvient à alourdir artificiellement son émission, notamment au dernier acte, s’efforçant de donner des couleurs sombres à son timbre de voix, mais l’ensemble manque de naturel. Qu’on ne s’y trompe pas. M. Gipali est un excellent chanteur, mal choisit dans ce rôle.

Nous parlions à l’instant de l’orchestre. Il était placé sous la houlette de Nader Abassi. Si ce jeune chef parvient à faire une lecture plutôt soignée, parfois sensuelle, de cette partition, il choisit, et nous le regrettons, de trop faire entendre ses musiciens. Certes l’orchestre joue bien, mais une telle puissance ne laisse pas assez de place aux chanteurs. Du coup, si l’Américaine Laura Hynes Smith dans le rôle d’Oscar a exécuté les trilles de son dernier air, on ne les a pas entendues, perdues qu’elles étaient dans le vacarme qui montait de la fosse. Au demeurant, l’Américaine campe un Oscar de qualité : il est impétueux, gracieux et désinvolte à souhait. L’Ulrica de l’Américaine Eugénie Grünewald est convaincante mais semble souffrir elle aussi de la puissance sonore qui envahit la scène. Le Renato de Marco Di Felice est remarquable dans son « Eri tu… » du troisième acte, le legato n’est pas encore bien assuré mais la voix est vigoureuse. Son Renato est tour à tour amer, véhément et tendre, avec, tout au long de l’air de bonnes qualités de tenue et de puissance. Dominant cette bonne distribution, Micaela Carosi est l’Amélia que l’on est en droit d’attendre : un authentique soprano dramatique, idéale pour les héroïnes de Verdi : la voix joue avec bonheur sur la gamme des couleurs sombres et le timbre est idéalement généreux. Madame Carosi, dont .le physique et la voix ne sont pas sans rappeler notre regrettée Régine Crespin, n’a aucun mal à se faire entendre. La voix s’envole avec facilité et la chanteuse n’est pas gênée par la puissance de l’orchestre. D’ailleurs, Micaela Carosi a déjà été invitée plusieurs fois aux Arènes de Vérone. C’est tout dire. Souhaitons qu’elle soit très vite réinvitée à l’Opéra de Marseille. Mentionnons aussi Jean Teigen, Patrick Bolleire, Olivier Heyte qui tous trois rendent justice avec talent aux rôles de Samuel, Tom et Silvano.



Christian Dalzon

 

 

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