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Haut niveau musical

Paris
Salle Pleyel
12/04/1998 -  
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder
Camille Saint-Saëns : Symphonie n° 3

Françoise Pollet (soprano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Marek Janowski (direction)

Des cinq Wesendonck-Lieder, écrits pour voix et piano, seul le dernier fut orchestré par le compositeur. Les quatre premiers doivent leur orchestration au chef Felix Mottl (1856-1911) et cela s'entend : aucune dimension spatiale, pauvreté des timbres, maigreur de l'écriture, etc, l'orchestre de Mottl semble plus petit que le piano de Wagner ! Mais la voix, elle, qui chante les poèmes de l'aimée Mathilde Wesendonck, ne répond que de Richard Wagner.

La grande soprano française l'incarnait ce soir. Françoise Pollet possède un art consommé de la prononciation, chaque mot retrouve son individualité, son impact, sa couleur et sa sonorité qui répond à celle des instruments. Un art - malheureusement - daté à une époque où se répand, notamment dans le répertoire wagnérien, la dissolution des syllabes et des intonations dans une ligne musicale qui alors redouble ou complète d'une façon prosaïque celle de l'orchestre. Peu de chanteuses germanophones auraient accordé autant d'importance au texte, au mot. Comme quoi, l'éternel conflit de l'Opéra (faut-il privilégier la musique ou le texte, cf Capriccio de Strauss) se retrouve également au niveau de l'interprétation.

Les pièces de Ravel et de Saint-Saëns se situèrent également à un très haut niveau musical. Elles confirment le parfait accord entre l'orchestre et son directeur musical. Dans la symphonie de Saint-Saëns, la profondeur de conception de Marek Janowski impressionne, un adagio d'une sublime lenteur mais parfaitement mené et un final conciliant une rigoureuse clarté avec une fougue entraînante ont soulevé l'enthousiasme du public.



Philippe Herlin

 

 

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