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L’écrasant monument

Paris
Salle Pleyel
02/10/2008 -  
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232
Judith Gautier (soprano), Philippe Jaroussky (contre-ténor), Richard Edgar-Wilson (ténor), Joao Fernandes (basse)
Le Concert Spirituel, Hervé Niquet (direction)

La Messe en si est un tel monument qu’elle écrase parfois ceux qui se risquent à y pénétrer, à commencer par les baroqueux. On n’en dira pas tant d’Hervé Niquet, qui y montre sincérité et conviction, soucieux de clarté et d’équilibre, sans tirer l’œuvre du côté du théâtre comme un Minkowski. Mais cet équilibre frise parfois la neutralité et l’ensemble manque de ferveur dans les passages les plus recueillis, à l’instar du « Crucifixus », alors que les pages les plus jubilatoires comme le « Gloria in excelsis Deo » pourraient être plus festives – le « Credo in unum deum » s’avère laborieux. Le chef, dont la battue est un peu rigide, ne semble pas vraiment choisir une option interprétative. Il est vrai que le Concert spirituel, malgré son homogénéité, n’atteint pas, pour ne citer qu’eux, à la qualité des Musiciens du Louvre ou des English Baroque Soloists et du Chœur Monteverdi, avec, du côté de l’orchestre, des sonorités qui mettent quelque temps à trouver leur rondeur – mais il faut saluer des performances individuelles telles que celle du corniste Pierre-Yves Madeuf dans le « Quoniam tu solus sanctus ».


Le public de la salle Pleyel n’a décidément pas de chance avec les solistes des oratorios : après le Requiem de Verdi (lire ici) et le Stabat Mater de Dvorak (lire ici), la Messe en si n’a pu, à son tour, être donnée avec tous les chanteurs annoncés. Cela dit, Judith Gauthier, qui remplaçait Johanette Zomer, nonobstant un timbre pas moins ingrat que dans Alcina (lire ici), a très bien chanté la partie de soprano, sans la moindre raideur dans la ligne, avec une tendance à couvrir Philippe Jaroussky dans les duos, la salle ne flattant guère les petites voix. Le contre-ténor se montre plus à son avantage en soliste, lorsque le bas médium et le grave ne sont pas trop exposés aussi : on apprécie alors le velours du timbre et la beauté du phrasé, en se réjouissant qu’il ne confonde pas l’oratorio et l’opéra, offrant un bel « Agnus dei ». Remplaçant de son côté Emiliano Gonzalez-Toro, le ténor Richard Edgar-Wilson, s’il ne manque pas de style, est handicapé par un vibrato qui dessert une voix assez blanche. Déjà sollicité par Marc Minkowski pour la même Messe en si, Joao Fernandes, en revanche, doté d’une belle voix bien timbrée, se montre très à l’aise techniquement et stylistiquement, autant dans « Quoniam tu solus sanctus » que dans un « Et in spiritum sanctum » pris très rapidement, à tel point qu’il s’est vu confier, dans le « Et resurrexit », le très orné « Et iterum venturus est cum gloria ».



Didier van Moere

 

 

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