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Peau de chagrin

Paris
Salle Pleyel
02/13/2008 -  
Igor Stravinski : Pulcinella (Suite) – Histoire du soldat
Paul Hindemith : Concerto pour alto «Der Schwanendreher»

Tabea Zimmermann (alto), Sami Frey (récitant), Pascal Moraguès (clarinette), Giorgio Mandolesi (basson), Bruno Tomba (cornet), Guillaume Cottet-Dumoulin (trombone), Roland Daugareil (violon), Bernard Cazauran (contrebasse), Nicolas Martynciow (percussion)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Présenté à une seule reprise, ce programme «XXe siècle» de l’Orchestre de Paris tenait de la peau de chagrin, mais sans la moindre connotation péjorative: nulle corrélation, en effet, entre la réduction progressive du format instrumental et l’intérêt ou la qualité de cette soirée, bien au contraire. Programme «XXe siècle»? Les deux premières œuvres, fondées respectivement sur des thèmes de Pergolèse et de ses contemporains, d’une part, et sur l’Altdeutsches Liederbuch, d’autre part, autorisaient le doute, mais au-delà des apparences, la manière dont les compositeurs ont chacun travaillé ce matériau atteste sans peine de leur modernité.


Avec Christoph Eschenbach, la Suite (1920) de Pulcinella n’est cependant ni XVIIIe ni XXe, mais plutôt XIXe: lenteur pompeuse, legato romantique et onctuosité de la pâte orchestrale transforment la partition de Stravinski en pastiche dépourvu d’esprit et de rebond, ne retrouvant son mordant et son ironie que dans le Duetto, entre le trombone de Guillaume Cottet-Dumoulin et la contrebasse de Bernard Cazauran, et dans le Finale.


Dix ans plus tard, Stravinski exclut violons et altos de sa Symphonie de psaumes: Hindemith réduit également l’accompagnement aux violoncelles et contrebasses dans son Concerto pour alto (1935), l’objectif étant sans doute ici de mieux mettre en valeur le soliste. Altiste virtuose, Hindemith avait lui-même donné, sous la direction de Mengelberg, la première de son concerto, dont le sous-titre («Der Schwanendreher») fait allusion, comme Orff au même moment dans la deuxième partie de ses Carmina burana, à ces temps anciens où l’on rôtissait encore les cygnes. Par ses innombrables qualités – autorité, justesse, pureté, lyrisme, puissance, couleurs, brio – Tabea Zimmermann se pose en digne héritière dans la défense et l’illustration d’un instrument que nul ne songe désormais à qualifier de parent pauvre, ce que confirme, en bis, une adaptation de l’Andante de la Deuxième sonate pour violon de Bach.


Composée quelques mois avant Pulcinella et également créée par Ansermet, l’Histoire du soldat (1918) témoigne cependant davantage de l’époque de sa conception ainsi que de l’exil helvète de Stravinski: plus encore que dans les deux œuvres précédentes, le passé, ici au travers des grands mythes (Orphée, Faust), inspire une profonde révolution artistique. Sous la direction d’Eschenbach, la prestation des solistes de l’Orchestre de Paris est tellement superlative qu’elle finirait par en devenir trop belle pour cette «musique de tréteaux». Entre débit rapide et silences expressifs, Sami Frey n’est guère servi par la sonorisation, qui rend sa diction parfois confuse, sans pour autant lui permettre de bien ressortir lorsque les musiciens jouent en même temps qu’il récite. Mais il insuffle vie au texte de Ramuz, incarnant successivement tous les rôles qui sont pourtant le plus souvent confiés à plusieurs acteurs.


Le site de Tabea Zimmermann



Simon Corley

 

 

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