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Derby helvète

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/16/2008 -  et 18 (Wisloch), 20 (Dortmund), 22 (Frankfurt) janvier 2008
Felix Mendelssohn : Les Hébrides, opus 26 – Symphonie n° 3 «Ecossaise», opus 56
Frédéric Chopin: Concerto pour piano n° 2, opus 21

Orchestre de chambre de Lausanne, Christian Zacharias (piano et direction)


Coïncidence du calendrier, deux formations suisses se succèdent au Théâtre des Champs-Elysées pour entamer une tournée européenne au cours de laquelle elles présentent un programme de musique romantique autour de Mendelssohn: après l’Orchestre de chambre de Bâle et Paul McCreesh (voir ici), c’était ainsi celui de Lausanne, avec son «directeur artistique et chef titulaire», Christian Zacharias, invités réguliers de la salle de l’avenue Montaigne. La confrontation, qu’un commentateur sportif n’aurait pas manqué d’élever au rang de «derby helvète», était dès lors inévitable.


Dans Les Hébrides (1830), elle a immédiatement tourné à l’avantage de la formation vaudoise, qui, sans réaliser de miracles, n’a cependant rien à voir, à effectif comparable (vingt-cinq cordes, mais cuivres «modernes»), avec la sonorité étriquée de l’ensemble bâlois, mais aussi de son chef, qui, s’il privilégie sans doute un peu trop l’analyse à la fois sur l’urgence et sur la fluidité, n’en démontre pas moins une musicalité autrement plus satisfaisante que celle de son homologue britannique la veille.


C’est de longue date que Zacharias dirige depuis son piano: ce fut d’abord pour donner des concertos de Mozart, avant qu’il ne se lance dans ceux de Beethoven, dont il a présenté l’intégrale à Paris voici exactement un an (voir ici). Il en vient désormais à Chopin, un compositeur auquel on ne l’associe pas spontanément, mais qu’il a pourtant pratiqué dans son jeune âge, notamment pour les concours de Varsovie et de Genève, avant d’y revenir ces dernières années en récital (voir ici). Ici aussi, il est difficile d’échapper à la comparaison, en l’occurrence avec la prestation de Boris Berezovsky, huit jours plus tôt en ce même Théâtre des Champs-Elysées, avec l’Ensemble orchestral de Paris (voir ici). Techniquement à peine moins parfait, le pianiste allemand livre un Second concerto (1829) plus sensible et élégant, et même plus engagé. Rien d’étonnant à ce que le piano paraisse ici moins en avant de l’orchestre et à ce que l’accompagnement soit soigné comme il l’est rarement: on le doit bien entendu à la place de l’instrument sur scène (au centre, sans couvercle, entouré par les musiciens) ainsi qu’à la réunion en une seule personne des fonctions de chef et de soliste, mais surtout au constant souci d’un dialogue d’esprit chambriste. Intelligente mais sans aridité, cette conception réussit particulièrement au Larghetto, tant dans la pureté du nocturne que dans les tourments de la partie centrale. En bis, Zacharias délaisse sa Sonate fétiche de Scarlatti pour demeurer avec Chopin et se faire plaisir, malgré un petit passage à vide, dans les traits toujours plus rapides de la Deuxième des trois Valses de l’opus 64 (1847).


L’année même où Chopin écrivait son Second concerto, Mendelssohn découvrait l’Ecosse, un voyage qui lui inspira non seulement Les Hébrides mais également, douze ans plus tard, sa Troisième symphonie «Ecossaise» (1842). Malgré une gestuelle tout sauf orthodoxe, Zacharias obtient un résultat globalement convaincant: manque sans doute un doigt de folie, même si l’on entend la tempête mugir à la fin de l’Allegro un poco agitato initial, mais son souci d’éclaircir et d’alléger, loin des textures opaques, denses et lourdes censées illustrer les «brumes» de l’œuvre, ainsi que son cantabile pudique (Adagio) traduisent une parfaite fidélité à la pondération classique si caractéristique de Mendelssohn, de même qu’à la légèreté coutumière de ses Scherzi. S’il reste en la, le bis n’en traverse pas moins l’Europe du nord au sud, évoquant, avec le troisième mouvement (Con moto moderato) de la Quatrième symphonie «Italienne» (1833), un autre voyage capital pour le jeune Mendelssohn.


Le site de l’Orchestre de chambre de Lausanne
Le site de Christian Zacharias



Simon Corley

 

 

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