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Surprises d’outre-Manche

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/10/2008 -  
Anton Dvorak : Le Rouet d’or, opus 109, B. 197
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15

Stephen Hough (piano)
Orchestre national de France, Daniel Harding (direction)


Les Slaves sont à l’honneur cette saison, aussi bien à l’Orchestre de Paris qu’à l’affiche des formations de Radio France: une orientation d’autant mieux venue qu’elle permet comme ici, au détour d’un programme hélas bien court et bizarrement construit, d’entendre des pièces rares. Ainsi, même si Harnoncourt, par exemple, s’y est assez récemment intéressé au disque, tout un volet du corpus orchestral de Dvorak demeure dans l’ombre, bien que pourtant postérieur à son ultime Symphonie «Du nouveau monde»: les quatre poèmes symphoniques de belles proportions (quinze à trente minutes chacun), composés en 1896 d’après les légendes tchèques recueillies par Erben.


Troisième de ce cycle, Le Rouet d’or ne constitue pas une énième variante sur le thème du filage, abondamment illustré au XIXe siècle, de Schubert à Saint-Saëns en passant par Mendelssohn et Wagner: fidèle à l’esprit des ballades d’Erben, il associe la tradition populaire, le fantastique et le drame, dans un style qui évoque parfois le premier Mahler ou même un capiteux postromantisme. Pour sa troisième apparition à la tête de l’Orchestre national de France, Daniel Harding ne s’est pas défait de tous ses tics de direction, notamment une certaine raideur, mais surprend très agréablement, avec des musiciens qui jouent parfaitement le jeu, à commencer par la flûte de Michel Moraguès.


Le chef britannique n’a décidément pas de chance avec ses solistes dans le Premier concerto (1858) de Brahms: voici près de cinq ans, dans un tout autre contexte – l’Orchestre de chambre Mahler (avec un nombre de cordes exactement égal à la moitié de celui du National) – mais en ce même Théâtre des Champs-Elysées, Lars Vogt avait dérouté dans une glaciale déconstruction de l’œuvre (voir ici). Se plaçant dans la tradition historique des pianistes-compositeurs, l’Anglo-australien Stephen Hough s’est principalement fait connaître dans un répertoire aussi marginal que virtuose, tant au concert qu’au disque (voir ici).


En novembre 2004, un récital parisien, mêlant pièces de genre et grand répertoire, avait permis d’apprécier les qualités mais aussi de mesurer les limites de cet adepte du «small is beautiful» (voir ici). Il était donc particulièrement intéressant de le voir confronté à un monument tel que le Premier de Brahms: malgré quelques accrocs, il confirme qu’il en possède bien entendu les moyens techniques et même physiques, quitte d’ailleurs à ne pas toujours utiliser cette puissance à bon escient. Mais s’il fait sensation, c’est malheureusement davantage avec ses mocassins turquoise en forme de charentaises que par son jeu, alternant sans cohérence apparente prudence et brusques retours de flamme romantique: une excentricité étrangement dépourvue de saveur, comme celle d’un dandy fatigué qui, malgré les lancers de roses depuis le premier balcon, n’accordera pas de bis à un public pourtant visiblement ravi.


L’occasion sera donnée de retrouver ce concerto dès les 30 et 31 janvier avec Daniel Barenboim, qui l’a choisi pour son retour à l’Orchestre de Paris, sous la direction de son lointain successeur, Christoph Eschenbach.


Le site de Daniel Harding
Le site de Stephen Hough



Simon Corley

 

 

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