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Une bonne pêche

Toulouse
Théâtre du Capitole
11/20/1998 -  et 22, 23, 24, 27 novembre, 1, 3, 5 décembre 1998
Georges Bizet : Les Pêcheurs de perles
Annick Massis (Leïla), Gregory Kunde (Nadir), Rodney Gilfry (Zurga), Felipe
Bou (Nourabad)
Orchestre et choeurs du Capitole, Reynald Giovaninetti (direction)
Petrik Ionesco (mise en scène, décors, lumières)

Le public toulousain est décidément bien imprévisible! Après avoir applaudi parfois avec chaleur des mises en scène sinistres ou insignifiantes, il a copieusement hué Petrika Ionesco le jour de la première alors que rien dans son travail n'appelait une ire aussi retentissante. Conscient de la faiblesse de l'intrigue de Carré et Cormon ainsi que de l'aspect suranné de son orientalisme de pacotille, le metteur en scène roumain a décidé de jouer le jeu du kitsch au premier degré avec une splendeur certaine des décors et des costumes, dans une esthétique évoquant tout à la fois le cinéma muet, Tintin, Indiana Jones, un tel livret rendant impossible toute volonté de distanciation ou de stylisation sous peine de sombrer dans l'insignifiance ou, pire, l'ennui. Pour naïf qu'il soit parfois, le résultat n'en est pas moins convaincant car il retrouve la magie de l'opéra et sait rendre dramatique cette improbable histoire exotique; une grande part du public semble d'ailleurs avoir été très favorable à la richesse décorative de la scénographie. Mais il faut croire qu'une véritable cabale avait été déclenchée au sein même de l'équipe du Capitole, outrée par la supposée "vulgarité" de l'ensemble, ce qui expliquerait le chahut assez stupide qui a accueilli le spectacle et que le metteur en scène, assez dégoûté (on le comprend), n'a pu mettre qu'au débit de l'inconstance du public toulousain.

Tout ceci est d'autant plus dommageable que le charme réel de la réalisation a su trouver des interprètes convaincus qui ont, par leur aisance en scène, donné un grand relief à leurs personnages. Le ténor Gregory Kunde, remplaçant au dernier moment Bruce Ford annoncé souffrant, n'a pas véritablement la voix convenant à Nadir mais malgré un chant constamment sur le fil du rasoir, il s'est acquitté assez honorablement de sa tâche, compensant par sa présence scénique les limites de son chant. La soprano Annick Massis, très appréciée du public toulousain depuis son succès dans Lucia, chantait sa première Leïla. Elle a bien rendu son rôle, même si sa voix accuse quelques légères blancheurs et un certain manque de grave. Mais elle excelle dans la pyrotechnie vocale dont la partition n'est pas avare et sa présence scénique touchante convenait à merveille à la fragilité de la jeune fille. Enfin, la mise en scène de Ionesco a bénéficié du physique athlétique de surfer californien du baryton américain Rodney Gilfry. Mais cela ne serait pas grand-chose si sa voix n'était pas à l'aune de ses pectoraux musculeux ou si ses talents d'acteur ne dépassaient pas le diamètre impressionnant de ses biceps. Il n'en est heureusement rien et Rodney Gilfry a très bien rendu par la concentration de son jeu l'humanité de Zurga et le dramatisme de son dilemme, alors que son baryton sûr et sonore donnait toute l'autorité nécessaire à ce chef de village. Un spectacle partial, donc, inégal parfois, bien soutenu par une distribution jeune, crédible et engagée malgré quelques carences. Est-ce donc si répréhensible?

A noter que l'excellent baryton Ludovic Tézier, qui partage le rôle de Zurga avec Rodney Gilfry, aussi bon acteur mais doté d'une voix plus sombre et plus sonore donnera un récital le jeudi 26 novembre à 12h30 au théâtre du Capitole. Le programme sera consacré à des mélodies deDuparc et Ravel ainsi qu'à des airsd'opéras de Mozart, Bellini, Doonizettiet Verdi.



Laurent Marty

 

 

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