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Une Chauve-Souris qui ne sent pas le réchauffé

Lausanne
Salle Métropole
12/26/2007 -  et les 28, 30* et 31 décembre 2007

Johann Strauss: Die Fledermaus


Philippe Do (Gabriel von Eisenstein), Sophie Marin-Degor (Rosalinde), Tassis Christoyannis (Dr Falke), Max Emanuel Cencic (Prince Orlofsky), Sophie Graf (Adele), Marc Laho (Alfred), David-Alexandre Borloz (Frank), Léonard Pezzino (Dr Blind), Lauranne Jaquier (Ida), Patrick Lapp (Frosch), Cosimo Sabatella (Ivan)


Chœur de l’Opéra de Lausanne (chef de chœur: Véronique Carrot), Orchestre de Chambre de Lausanne, direction musicale: Nir Kabaretti. Mise en scène: Jean-Charles Simon et Patrick Lapp, décors: Jean-Marie Abplanalp, costumes: Lorène Martin, réalisation des costumes: école de couture de Lausanne, lumières: Henri Merzeau


L’Opéra de Lausanne a frappé un grand coup en confiant la réalisation de son spectacle de fin d’année à Jean-Charles Simon et Patrick Lapp, deux humoristes très appréciés du public suisse romand. Le duo anime une émission quotidienne à la radio, au cours de laquelle il décortique, sur un ton déjanté, des partitions du grand répertoire lyrique et symphonique, contribuant ainsi, par son humour décalé, à désacraliser, si on peut dire, la musique classique. Comme on pouvait s’y attendre, cette Chauve-Souris se révèle originale et pétillante, avec des dialogues truffés de bons mots et ponctués de références à la vie locale. Si certains ont regretté l’esprit très provincial de la production, la majorité du public a visiblement apprécié ce ballon d’essai lyrique.


Les deux compères metteurs en scène ont opté pour la métaphore, plutôt que pour la satire sociale. Comme ils l’écrivent eux-mêmes dans le programme de salle, ils ont transposé l’action «dans un coin de la planète soumis à un réchauffement terrifiant, où l’énergie a pratiquement disparu, où même les rentiers sont pratiquement ruinés». Dans les ruelles sombres d’une ville soumise à de fréquentes coupures d’électricité, des mendiants entourés de policiers à la carrure impressionnante essaient d’obtenir quelque nourriture ou argent d’une poignée de privilégiés qui continuent de s’amuser tant bien que mal, en faisant abstraction de la misère ambiante. Le prince Orlofsky est ici un magnat russe qui a fait fortune dans le gaz. Pour reprendre encore une fois leur propos, les metteurs en scène estiment que les protagonistes agissent «un peu comme nous, qui continuons à faire, avec beaucoup de plaisir, des bêtises dans le domaine environnemental, alors que tout indique qu’il y aurait urgence en la matière». Au final, cette modernisation du chef-d’œuvre de Johann Strauss fils apparaît comme une réussite.


Le plaisir vient aussi de la fosse, où Nir Kabaretti, au diapason de la mise en scène, imprime finesse et verve à la partition. Si, dans son ensemble, la distribution semble fâchée avec l’allemand, on retiendra surtout les excellentes prestations de Max Emanuel Cencic en Prince Orlofsky façon grande folle et de Sophie Graf en Adèle faussement ingénue.




Claudio Poloni

 

 

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