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Enchantement visuel

Geneva
Grand Théâtre
12/14/2007 -  et les 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30 et 31 décembre 2007

Wolfgang Amadeus Mozart: Die Zauberflöte



Alfred Reiter*/Günther Groissböck (Sarastro), Christoph Strehl*/Chad Shelton (Tamino), Diogenes Randes (L'Orateur), Marc-Olivier Oetterli (Premier prêtre/Premier homme d'arme), Martial Defontaine (Deuxième prêtre/Deuxième homme d'arme), Jane Archibald*/Eleonore Marguerre (La Reine de la Nuit), Jennifer O'Loughlin*/Helena Juntunen (Pamina), Christine Buffle (Première Dame), Pauline Sabatier (Deuxième Dame), Elodie Méchain (Troisième Dame),
Brett Polegato*/ Stephan Genz (Papageno), Valérie Debize*/Katia Velletaz (Papagena), Alexandre Kravets*/Norbert Ernst (Monostatos)


Chœur du Grand Théâtre de Genève (direction: Ching-Lien Wu), Orchestre de la Suisse Romande, direction musicale: Gabriele Ferro. Mise en scène et chorégraphie: Omar Porras, décors: Fredy Porras, costumes: Coralie Sanvoisin, masques et perruques: Cécile Kretschmar, lumières: Mathias Roche


Cette nouvelle production de La Flûte enchantée au Grand Théâtre de Genève était attendue avec impatience, surtout pour la mise en scène d’Omar Porras, qui fait désormais figure d’institution dans la Cité de Calvin. Né en Colombie, le metteur en scène rejoint d’abord Paris avant de s’installer en Suisse. Au début des années 1990, il monte dans un squat Ubu Roi et La Visite de la Vieille Dame, deux électrochocs théâtraux, deux succès qui le propulsent ensuite dans des salles prestigieuses comme la Comédie de Genève, ou encore le Théâtre de la Ville et la Comédie Française à Paris. Avant La Flûte, Porras a fait ses premières armes lyriques avec L’Elixir d’Amour et Le Barbier de Séville de Paisiello. Le Songe d’une Nuit d’Eté figure au nombre de ses projets.


Dans une interview parue avant la première de La Flûte, Omar Porras a déclaré qu’il voulait «ôter à cet ouvrage sa dimension mystique et franc-maçonne, qui a toujours été soulignée avec excès». Sans surprise donc, le metteur en scène privilégie le conte et la parabole initiatique en situant l’action dans une forêt, sorte de paradis originel ou de monde merveilleux, avec des personnages mi-humains mi-animaux (superbes costumes de Coralie Sanvoisin), et des bruits d’oiseaux et de cascades diffusés par haut-parleurs. La nature est un élément essentiel des magnifiques décors de Fredy Porras, le frère d’Omar, avec des toiles peintes représentant des arbres immenses. Omar Porras a les yeux et la fantaisie d’un enfant, et son spectacle – un enchantement visuel – regorge de trouvailles, comme le duo entre Papageno et Papagena auxquels se joint leur nombreuse progéniture. Le metteur en scène n’est peut-être pas allé aussi loin que dans ses spectacles précédents et l’ensemble dégage une impression de décousu, mais le chef-d’œuvre de Mozart n’est-il pas lui-même hétéroclite? Quoi qu’il en soit, le public est ravi de retomber en enfance pour quelques heures et apprécie visiblement cette féerie, qui se laisse admirer comme un beau livre d’images, dont on tourne les pages avec délectation, impatient de découvrir ce que dévoilera la prochaine. On saura gré aussi à Omar Porras d’avoir autant travaillé les mouvements sur scène avec les chanteurs, ce qui contribue à rendre cette Flûte vivante et festive.


On n’en dira pas autant malheureusement de Gabriele Ferro, qui demande à un orchestre méconnaissable de transformer la musique de Mozart en pâte molle, aux contours imprécis et sans dynamique, un comble! Sans parler de ses tempi parfois très lents, qui mettent en difficulté les solistes. Et quand on découvre, dans le magazine du Grand Théâtre, que le chef déclare qu’il «n’aime pas beaucoup le phénomène du Singspiel», on se demande bien ce qu’il fait dans la fosse! Jouée pratiquement tous les jours jusqu’à la fin de l’année, cette production requiert deux distributions. Dans la première, ce sont les dames qui décrochent la palme, avec une Jane Archibald impressionnante de virtuosité et de maîtrise dans les envolées pyrotechniques de la Reine de la Nuit et une Jennifer O’Loughlin espiègle et touchante à la fois en Pamina, avec une belle voix ouatée. Brett Polegato en Papageno et Valérie Debize en Papagena forment un couple fort bien assorti, tant vocalement que scéniquement. La seule déception vient du Tamino de Christoph Strehl. Le ténor, qui avait pourtant fait forte impression dans l’enregistrement récent de Claudio Abbado, livre ici un chant pas toujours juste et aux accents souvent forcés. On espère qu’il ne s’agit là que d’une méforme passagère.




Claudio Poloni

 

 

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