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Carmen ouvre la saison 1999-2000

Moscou
Théâtre Musical Stanislavski
09/23/1999 -  et 10 et 23 Octobre 1999
Georges Bizet : Carmen
Marina Prudenskaïa (Carmen), Michaïl Ourousov (Don José), Olga Gouriakova (Micaela), Alexandre Baskin (Escamillo) , Roman Oulibin (Zuniga), Igor Morozov (Morales), Olga Loutsiv-Ternovskaïa (Frasquita), Natalia Vladimirskaïa (Mercedes), Viatcheslav Maroutaïev (Dancaïre) Viatcheslav Boïnarovski (Remendado)
Orchestre du Théâtre Musical Stanislavski, Volf Gorelik (direction musicale)
Alexandre Titel (mise en scène), Vladimir Areflev (décors), Alexandre Kelganov (lumières).

Le croiriez vous, Micaela vêtue comme une messagère de la résistance arrive en bicyclette dans un décor où figure un praticable en guise de passerelle bordée de frêles parapets hispanisants sous laquelle déambulent des militaires désoeuvrés aux allures franquistes, avec côté jardin une série de mêmes engins de locomotion pour mieux situer la proximité prolétarienne de la manufacture de tabac. Tout était à craindre d’un parti pris de " dépoussiérage " qui a si souvent conduit metteurs en scène et décorateurs à se comporter comme certaines employées de maison dévastatrices mais combien sures de leur fait dès lors qu’elles utilisent du produit décapant pour rénover la patine d’un bronze plus que centenaire. Et cependant, dès l’ouverture qui a décuplé notre attente par la densité prémonitoire de son interprétation, tout disait que rien ne serait soumis à la médiocrité. En effet, nous serons bientôt de connivence pour admettre que les cigarières, telles des nymphes inaccessibles, soient impudiquement scrutées d’en bas par leurs adulateurs énamourés, et qu’avant de jeter la fleur empoisonnée, Carmen, blonde Oréade, concentre le désir sur elle en jouant lascivement avec les espaces d’entre les fines balustrades.

Ainsi, au rythme du drame qui va se nouer progressivement, décor, éclairages et mise en scène accompagneront l’action avec des références de plus en plus évidentes au fonds de culture cinématographique et pictural qui ponctue le spectacle présenté aujourd’hui. Ici, le Goya des élégantes endimanchées pour la corrida, toujours prêtes à glorifier stupidement la programmation de la mort, là, le Picasso tragique de la période bleue pour fixer le pressentiment de l’inéluctable. Curieusement, la version russe, par analogie à ce procédé de stylisation imagée, semble rendre un hommage sous-jacent à l’original en français tant celui-ci nous est devenu familier.

Mais par dessus tout, il faut se rendre à l’évidence, le véritable maître d’oeuvre ayant permis au metteur en scène Alexandre Titel d’exploiter toutes les ressources sensibles de son imaginaire reste bien l’exceptionnel chef d’orchestre Volf Gorelik qui se lance dans l’aventure en pleine connaissance de cause, celle de Bizet en tout premier lieu, à l’affût du moindre détail de la partition pour le donner à entendre comme un devoir d’exception. Là se régénère la sève d’une relecture qui permet à chacun de se dépasser.

Car telle est l’impression générale, à commencer par les débuts d’une jeune stagiaire de la troupe du théâtre musical Marina Prudenskaïa, dans le rôle de Carmen qui semble à sa mesure du premier instant jusqu’à ses derniers, avec pour rivale de circonstance Olga Gouriakova, qui demeure chaste et pure, elle qui figure déjà au tout premier plan, depuis peu à la Scala et bientôt à l’Opéra Bastille, enfin pour ne citer que certains, alors que tous le méritent, Michaïl Ourousov, Alexandre Baskin et Roman Oulibin dont les personnages ont tous le poids de la confrontation. Mentionnons le travail magnifique des chefs de choeur et la qualité des musiciens de l’orchestre du Théâtre Musical Stanislavski.

Spectacle rare, chef-d’oeuvre de Georges Bizet et présence suivie au répertoire, tout concorde pour l’enchantement d’un séjour à Moscou.

Edmond Rosenfeld

Site Internet du théâtre : http://www.stanislavsky.ru/


Edmond Rosenfeld

 

 

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