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Médecine douce

Paris
Salle Pleyel
11/27/2007 -  
John Adams : The chairman dances
Maurice Ravel : Concerto pour la main gauche
Johannes Brahms : Symphonie n° 3, opus 90

Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard (direction)


Au sein de l’offre symphonique proposée dans la capitale, l’Orchestre Colonne continue sans doute de disposer du meilleur rapport qualité-prix, avec une imbattable formule d’abonnement, où chaque soirée revient à 10 euros seulement. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous, d’autant que si l’objectif est d’attirer un public peu habitué du concert, il est atteint, comme en témoignent par exemple les applaudissements qui s’élèvent entre les mouvements. Et, plutôt que de réprimander et de toiser de haut ces nouveaux spectateurs, on préfère la pédagogie… et l’humour. Laurent Petitgirard, directeur musical depuis trois ans, explique ainsi qu’une symphonie, c’est comme un médecin: premier mouvement correspondant à l’examen du patient, scherzo en forme de diagnostic, puis mouvement lent où se fait le traitement et final pour la guérison: «La symphonie, c’est comme le médecin: il vaut mieux ne l’applaudir qu’après la guérison!».


La pédagogie, à l’Orchestre Colonne, c’est aussi de faire débuter chaque programme par une œuvre contemporaine, le plus souvent française, et ce sans exclusive idéologique: toutes les écoles, pour ne pas dire les chapelles, se succèdent ainsi durant la saison, de Patrick Burgand à Eric Tanguy, de Suzanne Giraud à Richard Dubugnon, de Guy Reibel à Bechara El-Khoury. Dans cet esprit, on peut penser ce qu’on veut de la musique de John Adams, mais nul ne peut nier sa place et son influence dans le paysage musical d’aujourd’hui: libre aux auditeurs de se faire eux-mêmes une idée, mais encore faudrait-il que ce compositeur, qui fête cette année ses soixante ans, puisse être entendu. Or, si ses opéras ont eu quelque visibilité ces dernières années, le reste de sa production reste très largement ignoré des formations parisiennes: c’est ainsi à l’Orchestre symphonique de Londres que l’on a dû la venue récente à Pleyel de l’imposant triptyque Harmonielehre.


Ici aussi, il faut donc saluer l’effort de l’Orchestre Colonne, qui avait choisi The chairman dances (1985), «fox-trot» conçu pour être intégré ensuite au troisième acte de son premier opéra, Nixon in China (1987). Sans céder aux sirènes envoûtantes de la répétition, Petitgirard met en valeur la dynamique inlassable plutôt que la séduction de la matière sonore.


Dans le Concerto pour la main gauche (1931) de Ravel, marqué comme Adams par l’histoire immédiate – en l’espèce, la Grande Guerre – et le jazz, Jean-Frédéric Neuburger impose son autorité coutumière – celle de ses bientôt vingt et un ans – et déploie une puissance aussi bien qu’une richesse de toucher impressionnantes. Sans brusquer la sensibilité ravélienne, il défend une vision personnelle de la partition, soulignant davantage sa fragilité que sa noirceur. Si quelques accrocs affectent la première cadence, la progression de la seconde est en revanche impeccablement maîtrisée. Il offre en bis, un Menuet antique (1895) mordant et plein de santé, faisant sonner haut et clair les frottements harmoniques tout en réservant, notamment dans la partie centrale, des couleurs d’une belle subtilité. On pourra retrouver le jeune pianiste dès le 5 décembre prochain à l’Auditorium du Louvre pour un récital Schubert et Brahms.


Et c’est précisément Brahms auquel était consacrée toute la seconde partie, avec sa Troisième symphonie (1883), dont Petitgirard dédie l’interprétation à la mémoire de Maurice Béjart. Tirant le meilleur parti des qualités et de la quantité de son effectif orchestral, le chef opte pour une approche allégée et allante dans les deux premiers mouvements, éclaircissant la polyphonie et faisant ressortir les détails sans briser l’élan du discours. Le fameux Poco allegretto prend toutefois le temps de respirer et l’Allegro final, à la fois puissant et retenu, évite de s’alanguir dans sa péroraison.


Le site de l’Orchestre Colonne
Le site de Laurent Petitgirard
Le site de John Adams



Simon Corley

 

 

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