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Un concert d'archives

Paris
Cité de la Musique
11/23/2007 -  
Jean-Sébastien Bach : Sinfonia de la Cantate « Der Himmel lacht ! Die Erde jubiliert » BWV 31 – Sinfonia de la Cantate « Non a che sia dolore » BWV 209 – Cantate « Angenehmes Wiederau, freue dich in deinen Augen » BWV 30a – Cantate « Vereinigte Zwietracht der wechselnden Saiten » BWV 207
Monika Frimmer (soprano), Robin Blaze (haute-contre), Charles Daniels (ténor), Stephan MacLeod (basse)
Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, Café Zimmermann, Gustav Leonhardt (direction)


Nul ne songerait à mettre en doute l’apport de Gustav Leonhardt à l’interprétation des œuvres de Bach, fondé sur une approche philologique d’une grande rigueur. Rien après n’a plus été comme avant. Et l’on se réjouit de voir ce vieux maître diriger le jeune et fringant Café Zimmermann – du nom du café de Leipzig où se produisait le Collegium Musicum fondé par Telemann et dirigé ensuite par Bach lui-même –, ainsi que les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, remarquablement préparés par Olivier Schneebeli : les générations se tendent la main pour continuer l’œuvre de rénovation – par le retour aux sources – entreprise il y a quelque cinquante ans – la fondation du Leonhardt Consort date de 1955.


Le chef, que l’on associe plutôt aux œuvres sacrées du Cantor, a choisi cette fois deux cantates profanes, où les solistes incarnent des allégories. Le chœur introductif de la cantate « Angenehmes Wiederau, freue dich in deinen Auen ! » BWV 30a, qui célèbre l’entrée en possession du domaine de Wiederau par le comte von Hennicke, donne le ton : Leonhardt tient, mais retient aussi l’orchestre et le chœur, pour que la jubilation reste contenue. Il ne se départira pas de cette gravité, de ce sérieux, même dans des airs plutôt allègres comme celui du Destin. Ce n’est pas sec : sonorités savoureuses, rythmes dansants, dynamique subtile. On ne peut néanmoins s’empêcher de penser, toute révérence gardée, que les « baroqueux » ont depuis quelque temps fait davantage respirer la musique, l’ont davantage aérée, ont fait preuve d’une plus grande liberté, d’une plus grande imagination - le continuo, par exemple, paraît bien ascétique : en un mot, cette approche d’une impeccable précision, servie par une imperturbable gestique, pour historique qu’elle soit devenue, pour philologique qu’elle reste, semble aujourd’hui quelque peu datée. Celui qu’on prenait à l’époque pour un révolutionnaire fait désormais figure de sage. On finit, dans « Vereinigte Zwietracht der wechselnden Saiten » BWV 207, composé pour fêter la nomination d’un professeur de droit de l’Université de Leipzig, où l’on retrouve parfois le Troisième Concert brandebourgeois, par s’ennuyer un peu, notamment dans les chœurs du début et de la fin, où devrait éclater une joie sans mélange.


Inégaux, les chanteurs ne contribuent pas à dérider l’atmosphère. La soprano Monika Frimmer, au timbre ingrat, manque de souplesse. La haute-contre Robin Blaze, souffrante, doit laisser la basse déchiffrer son air dans la Cantate BWV 207 ; Stephan MacLeod s’en tire avec tous les honneurs, solide et en place dans les vocalises de ses airs propres, malgré un grave assez court. C’est cependant le ténor Charles Daniels que l’on retient d’abord, pour la richesse du timbre, l’aisance de la vocalisation, l’élégance du style ; lui seul, surtout, donne vraiment de la vie à ce qu’il chante, condition essentielle pour réussir les cantates profanes, où il y a, qu’on le veuille ou non, quelque chose de théâtral.


Un concert d’archives, en quelque sorte, avec un pionnier de l’Urtext, que ses héritiers ont dépassé. Mais n’est-ce pas là, après tout, la plus grande gloire d’un maître ?



Didier van Moere

 

 

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