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Rrendez-vous triomphal annuel!

Paris
Salle Pleyel
10/08/2007 -  
Mélodies et Airs d’opéras de Giuseppe Verdi, Vincenzo Bellini, Wolfgang Amadeus Mozart, Francesco Paolo Tosti…
Juan Diego Florez (ténor), Vincenzo Scalera (piano)

Fidèle à son public parisien, Juan Diego Florez donne ce soir son récital annuel : cette fois, il délaisse le Théâtre des Champs-Elysées pour faire ses débuts à la Salle Pleyel, dans une acoustique moins flatteuse et assez sèche. Son programme se compose de mélodies de Tosti, Bellini, d’airs d’opéras de Verdi, Donizetti… Comme en 2006 (lire ici), il est accompagné par le pianiste Vincenzo Scalera et, si bon le musicien soit-il, il manque à Juan Diego Florez le lyrisme et la chaleur d’un orchestre pour s’abandonner totalement à la musique.



Le ténor débute son récital avec un air de concert de Mozart « O Misero ! O sogno ! » K.436. Après quelques extraits de La Flûte enchantée et de Don Giovanni l’année dernière, Juan Diego Florez continue, avec bonheur, son incursion dans ce répertoire. Le chanteur se montre très précautionneux avec l’écriture mozartienne : il possède l’élégance nécessaire d’un ténor di grazia, il est expressif dans le récitatif et donne un sens à l’histoire qu’il raconte, mais sa voix manque un peu de chaleur et d’obscurité dans les graves.


Juan Diego Florez laisse une large place à la mélodie dans ce récital. Il chante La Ricordanza de Bellini avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Il développe également le côté comique de L’Orgia de Rossini en lui apportant légèreté et entrain: il passe d’une note à l’autre, avec la nonchalance d’une personne légèrement ivre, allonge les fins de phrase… Il feint de retrouver toutefois suffisamment d’énergie pour un aigu très brillant à la fin de l’air. Mais c’est dans les mélodies de Tosti que Juan Diego Florez laisse éclater toute sa musicalité. Il distille note à note Ideale : il détache les syllabes des mots, nuance les différents « torna » pour terminer sur un fil de voix.


Juan Diego Florez va aborder le rôle du duc de Mantoue en mars 2008 à Lima puis en juin 2008 à Dresde. Il offre ce soir quelques extraits de la partition, mais il ne possède pas encore l’étoffe nécessaire pour camper un duc entièrement convaincant. A l’état brut, son interprétation est fine, sensible, mais elle ne brosse pas le portrait d’un duc enivré de plaisir et d’amour : ce duc est encore bien trop sage ! Dans « Questa e quella », le chanteur ne manque pas d’enthousiasme mais il s’applique beaucoup trop. « Parmi veder le lagrime » lui convient un peu mieux car il souligne bien le seul moment sensible et sincère du duc. En revanche la cabalette, donnée en bis, n’est pas vraiment réussie, ce qui est assez étonnant quand on connaît les prouesses techniques du ténor… Passons sur un « La donna è mobile » également trop scolaire. Espérons que le vin bu auprès de Magdalena le grisera un peu… Attendons donc sa prise de rôle scénique pour tirer véritablement une conclusion sur sa prestation dans ce rôle.


Juan Diego Florez interprète d’autres airs d’opéras qui conviennent mieux à sa voix et à son tempérament. Son interprétation est plus dynamique, plus engagée, même si le piano est parfois un handicap: la voix devient plus ample, plus ronde… L’air d’Arnoldo de Guillaume Tell est un beau passage: les “invano” sont très expressifs et d’une grande beauté vocale.


Les bis sont, peut-être, les plus moments de la soirée, une fois la cabalette de Rigoletto passée. Juan Diego Florez rend hommage à sa langue maternelle avec deux extraits de zarzuela : il commence avec « Por el humo » de Dona Francisquita qu’il interprète avec beaucoup de musicalité et d’expressivité. Il sait trouver les teintes de la douleur pour la seconde partie de l’air et la fin est vraiment déchirante. Il poursuit avec Jurame qu’il chante très bien mais on préférera rester sur l’interprétation plus chaleureuse et plus enflammée de Rolando Villazon. A la demande générale, Juan Diego Florez ne peut quitter la scène sans « Ah mes amis » de La Fille du régiment. Comme chaque fois il éblouit par la facilité de ses aigus, la musicalité de son chant et sa virtuosité.


Juan Diego Florez enthousiasme très rapidement le public de Pleyel. Certes le ténor possède une technique (presque) imparable, une facilité vocale étourdissante et une belle musicalité, mais certains airs laissent un peu sur sa faim. Il est à espérer qu’il reviendra très bientôt à Paris dans une production (de nombreuses rumeurs circulent) car il gagne beaucoup à être écouté dans un opéra intégral au cours duquel il peut développer un personnage et l’incarner.



A noter:
- l’actualité discographique de Juan Diego Florez est marquée par la parution d’un récital consacré au ténor Rubini (Decca).
- Juan Diego Florez sera de nouveau à Paris en juillet 2008 au Théâtre des Champs-Elysées où il partagera la scène avec Rolando Villazon.


Manon Ardouin

 

 

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