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Bonnes résolutions

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
09/20/2007 -  et le 21*/09/2007
Ludwig van Beethoven : Meerestille und glückliche Fahrt, opus 112, pour chœur mixte et orchestre – Symphonie n°4, opus 60
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps

Chœur et Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)

Pas de soliste invité pour ce concert d’ouverture de la saison 2007/2008, l’objectif prioritaire de la soirée semblant la mise en valeur des forces de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg tant sur le plan instrumental que sur le plan choral, l’orchestre s’étant doté depuis 2003 d’un chœur amateur de haut niveau.

Ce Chœur de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg arrive à présent à maturité, sous la direction experte de Catherine Bolzinger, ce qui lui permet de rendre honorablement justice au rare Meerestille und glückliche Fahrt, pièce difficile comme à l’accoutumée quand Beethoven se consacre aux voix. Quelques tensions subsistent du côté des sopranos, confrontées à des lignes pénibles à soutenir, quelques petits déficits d’homogénéité peuvent encore ressortir ici ou là, mais l’ensemble révèle un remarquable travail de fond, l’enthousiasme des participants rachetant amplement certains manques de finition. Marc Albrecht veille à la précision des entrées mais laisse au chœur une certaine marge de manœuvre, se consacrant surtout à un beau travail sur les nuances et les timbres de l’orchestre, en particulier des accords initiaux très travaillés, comme s’il s’agissait de bien marquer les objectifs de la saison à venir, avec prioritairement la reconquête d’une qualité sonore plutôt oubliée ces dernières années.


La 4e Symphonie de Beethoven tente de maintenir ce cap, bénéficiant de choix de premiers pupitres judicieux qui donnent à l’ensemble une couleur flatteuse. Flûte, clarinette, basson et cors se révèlent ainsi à la hauteur des enjeux, les principaux déficits de timbre voire de mise en place continuant à provenir des cordes aiguës. En dépit d’efforts perceptibles de continuels problèmes de synchronisation affectent parfois vilainement les sonorités, en particulier dans les petits traits décalés des violons I et II du développement du 1er mouvement, difficiles à mettre en place. Du côté de la direction de Marc Albrecht on peut déplorer un excès d’interventionnisme, peut-être la conséquence d’une certaine sensation d’insécurité quant à la réponse de l’orchestre. Les mouvements pairs semblent plus perturbés par cette direction rapide voire trop hachée. Les problèmes de scansion de l’Adagio ne sont pas bien résolus (le rapport entre les phrases mélodiques et le curieux rythme pointé qui parcourt tout le mouvement devrait paraître plus naturel pour fonctionner vraiment), et on passe en partie à côté des effets d’enroulement vertigineux que suscite en principe l’Allegro ma non troppo final quand on laisse à chaque pupitre de cordes davantage d’autonomie. L’impression d’évidence voire de jubilation que peut susciter cette symphonie heureuse n’est pas toujours au rendez-vous. Cela dit l’effort collectif pour restituer cette grande page du répertoire courant dans des conditions compétitives reste méritoire, et il est parfois couronné de succès.


L’orchestre semble davantage à son affaire dans le Sacre du printemps, une partition qui lui a toujours réussi sous d’innombrables baguettes, même si curieusement ce sont des chefs invités qui ont majoritairement défendu cette œuvre à Strasbourg depuis de longues années. La poigne et l’autorité d’un chef titulaire ne sont pourtant pas de trop, et Marc Albrecht démontre ici qu’il sait à merveille veiller aux grands équilibres d’un effectif orchestral géant, avec déjà une bonne connaissance de ce qu’il peut mettre au mieux en valeur dans la formation qui lui est actuellement confiée. On peut discuter de tel ou tel point d’une interprétation très personnelle qui gomme certains angles, en surexpose d’autres, voire choisit des options curieuses (l’inhabituel effet d’ « envoi » des dernières mesures, intéressant mais lourd). Mais globalement ce qui devient ici davantage une grande partition symphonique qu’un ballet tient continuellement la route, avec ça et là de remarquables effets d’alliages de timbres (très belle Introduction de la seconde partie, suivie d’un fascinant Cercle mystérieux des adolescentes). Un concert équilibré, digne d’une formation symphonique de haut niveau, mais surtout, à présent, une barre placée assez haut. Reste à tenter ensuite de se maintenir le plus souvent possible à ce niveau au cours d’une saison longue…



Laurent Barthel

 

 

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