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Dvorák sans Dvorák

Paris
Salle Pleyel
09/21/2007 -  
Antonín Dvorák : Symphonies n°6, opus 60, et n°7, opus 70
Orchestre Philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)

L’Orchestre Philharmonique de Radio France, qui vient d’être nommé ambassadeur de l’Unicef, fête ses soixante dix ans d’existence avec une saison qui privilégie Messiaen, centenaire oblige, et Dvorák. Le mois d’avril sera un mois Messiaen, avec quatre concerts dirigés par Myung-Whun Chung, qui inaugure la saison par les quatre dernières Symphonies de Dvorák, laissant la baguette à Vladimir Fedoseyev, à qui l’on avait confié la saison dernière un cycle Rachmaninov, pour le Stabat mater – les admirateurs du compositeur tchèque se réjouiront d’ailleurs de voir que l’Orchestre de Paris lui accorde également une place de choix dans sa programmation. Mais on ne manquera pas les deux concerts Prokofiev dirigés par Vladimir Ashkenazy (avec E. Kissin) et Guennady Rozhdestvensky (avec A. Rozhdezstvensky). On sera également curieux de voir le « Philhar » dirigé par le jeune Gustavo Dudamel, ou par Suzanna Mälkki, la directrice de l’Ensemble InterContemporain, que Paris n’a guère entendue dans le grand répertoire symphonique. La saison permettra enfin de retrouver des baguettes qui ont régulièrement dirigé l’orchestre comme Eliahu Inbal ou Paavo Järvi.


Le concert inaugural n’a pas trop pâti de la concurrence d’Hélène Grimaud et de la Staatskapelle de Dresde, ni de la coupe du monde de rugby. Il a en revanche pâti de la baguette sèche et peu nuancée de Myung-Whun Chung. Ce dernier avait entamé pour Deutsche Grammophon une intégrale des Symphonies de Dvorák avec la Philharmonie de Vienne, jamais achevée. Le célèbre orchestre lui avait communiqué un peu de sa souplesse et de sa rondeur. Rien de tel avec le Philhar, dont on a pourtant goûté les vents – plus que les cordes – en particulier la petite harmonie, même si ses sonorités ne sont pas aussi fruitées que celles des ensembles tchèques, du moins du temps de leur splendeur. La musique de Dvořák, si elle atteint à l’universalité, notamment grâce au modèle brahmsien, est pleine de saveurs, de parfums auxquels le directeur musical de l’orchestre ne semble pas assez sensible, quelles que soient les évidentes affinités qu’il entretient avec elle.


On ne redira pas la parfaite maîtrise de la forme – les finales, parfois problématiques, sont impeccablement conduits à leur terme, sans le moindre temps mort – la précision des accents rythmiques – indispensable, par exemple, dans le « Furiant » de la Sixième Symphonie. Il reste que la raideur de la baguette ne convient guère à cette musique, surtout quand elle est dirigée avec si peu de nuances, ce que souligne implacablement l’acoustique de la salle Pleyel – on cherche en vain, au début de la Sixième le mystère du pianissimo initial. La grandeur et les tensions de la Septième s’accommodent plutôt mieux de cette sécheresse, sans toutefois que l’on soit convaincu, encore moins touché – et l’orchestre joue toujours aussi fort : là encore, on a l’impression que le chef tient tellement ses troupes qu’il finit par les brider, comme dans le Scherzo, trop lisse et contraint.


C’est ce dernier morceau qu’il choisit de bisser – du moins la première partie : curieusement, là, il lâche enfin la bride à ses musiciens, se libère lui aussi, laissant enfin respirer un peu la musique. Trop tard.



Didier van Moere

 

 

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