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Orsay prend la main

Paris
Musée d’Orsay
09/18/2007 -  
Pablo de Sarasate : Habanera, opus 21 n° 1
Joseph Joachim : Romance, opus 2 n° 1
Henryk Wieniawski : Scherzo-Tarentelle, opus 16 – Légende, opus 17 – Fantaisie brillante sur le «Faust» de Gounod, opus 20
Nicolo Paganini : Cantabile, opus 17
Maurice Ravel : Tzigane

Lena Neudauer (violon), Andreas Kirpal (piano)


La musique continue de tenir une place de choix à Orsay, Pierre Korzilius s’attachant notamment à établir des correspondances avec les événements qui se déroulent parallèlement au musée: «Regards sur la Suisse» (de Honegger à Jarrell en passant par Bloch et Schoeck) pendant l’exposition dédiée au peintre Ferdinand Hodler (1853-1918), musique française pendant celle consacrée au sculpteur et ébéniste Alexandre Charpentier (1856-1909), proche de Debussy. La qualité sera une fois de plus au rendez-vous, ces deux séries étant confiées à des musiciens aussi remarquables que Emmanuelle Bertrand, François Chaplin, Nicolas Dautricourt, Claire Désert ou le Quatuor Sine Nomine


Mais la programmation mène également une vie autonome de celle du musée, comme dans ce cycle un peu fourre-tout «Héritage, tradition et filiation» où l’on pourra retrouver des ensembles spécialisés dans la musique contemporaine (Intercontemporain, TM+, Alternance) ainsi que François-Frédéric Guy et les solistes de l’Orchestre de Paris. Par ailleurs, à la faveur des travaux entrepris dans la «maison ronde», l’auditorium accueillera six week-ends de concerts gratuits de Radio France sur le thème «Beethoven et la musique française du XIXe siècle», avec, entre autres, Michaël Levinas, Jean-Marc Phillips-Varjabédian, Georges Pludermacher et le Quatuor Ysaÿe. Le jeune public n’est pas oublié, «Musique en famille» présentant L’Histoire du soldat puis Le Carnaval des animaux et, pour la Fête de la musique, l’Orchestre national et Kurt Masur donneront la rare Psyché de Franck.


Enfin, comme de coutume, les dix-neuf «concerts de midi trente» permettront, pour l’essentiel, aux jeunes talents de se faire connaître, tout en s’inscrivant le cas échéant dans les activités du musée: Natalia Prischepenko, premier violon du Quatuor Artemis, et Plamena Mangova, deuxième prix au Concours Reine Elisabeth cette année, devaient ainsi inaugurer la saison, en écho aux derniers jours de l’exposition photographique «La main» qui se tient jusqu’au 30 septembre. Celles-ci ayant déclaré forfait, le programme a été repris intégralement par Lena Neudauer, née à Munich en 1984, premier prix au Concours Leopold Mozart d’Augsbourg en 1999, et par son compatriote Andreas Kirpal, enseignant à Munich mais originaire de Dresde, où il est né en 1972.


Le thème de la main appelait la virtuosité – le guitariste Emmanuel Rossfelder offrira également un récital dans ce cadre le 25 septembre – mais la sélection des œuvres a fait habilement alterner pages brillantes et moments plus intimistes, évitant ainsi tout risque de monotonie. Dès la Habanera (1878) de Sarasate, la violoniste allemande, malgré quelques soucis sporadiques de justesse, s’impose par un archet très sûr, des traits égaux, des graves à la large sonorité et des aigus précis. Elle parvient en outre à maintenir dans ce répertoire un bon équilibre entre indifférence et histrionisme.


L’anecdote est connue: Sarasate refusa toujours de jouer le Concerto de Brahms, qui fut créé par Joseph Joachim, lequel écrivit également quelques morceaux pour son instrument, comme cette Romance, première des trois pièces de l’opus 2 (1850): intermède de caractère lyrique que prolonge la Légende (1859) de Wieniawski, toujours d’excellente tenue technique et interprétative. Abordant avec sérieux toutes ces musiques pourtant réputées superficielles, Lena Neudauer évite ainsi tout débordement stylistique, que ce soit dans le célèbre Scherzo-Tarentelle (1855) ou dans la Fantaisie brillante (1865) sur des thèmes du Faust de Gounod, partition moins connue, mais de grande envergure, où épisodes chantants et acrobatiques se succèdent, concluant sans surprise sur la célèbre Valse: une personnalité attachante, au demeurant toujours très prisée des interprètes, mais dont on n’entend hélas plus guère les deux Concertos.


Le Cantabile (1823) de Paganini, inspirateur de tous ces violonistes-compositeurs qui, tels Sarasate, Joachim et Wieniawski, ont enflammé la seconde moitié du XIXe siècle, apporte à nouveau une touche plus apaisante, dans un esprit belcantiste. Ravel eût certainement souri de voir son propre Tzigane (1924) précédé de tant de compositeurs virtuoses auquel il rend ici hommage avec son art si personnel de pratiquer le pastiche, à la fois complice et nostalgique: puissante, mais un peu lisse et parfois trop lente, soutenue par un piano incertain, Lena Neudauer enchaîne sur un bis parfaitement en situation: l’adaptation (et la transposition) par Joachim de la Cinquième danse hongroise de Brahms.


La violoniste allemande sera de retour à Orsay le 19 avril prochain, pour un récital (gratuit) Saint-Saëns/Franck, cette fois-ci accompagnée par Delphine Bardin.


Le site de l’auditorium du Musée d’Orsay



Simon Corley

 

 

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