About us / Contact

The Classical Music Network

Compiègne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Contre mauvaise fortune bon cœur

Compiègne
La Croix-Saint-Ouen (Auditorium)
06/30/2007 -  
Thomas Morley : Trois Canzonets
Gualtiero Dazzi : Augenblick
Antonio Vivaldi : Sonate n° 17 en sol mineur
Thierry Pécou : Les Chants de Raïssa (création) – Chango Elegua
Joseph Bodin de Boismortier : Sonate en ré mineur

Trio d’Argent: Xavier Saint-Bonnet, François Daudin Clavaud, Michel Boizot (flûtes)


«Concert randonnée», «concert sonore et visuel», «concert feux d’artifice», «pique-nique concert», «café musical», le Festival des Forêts, du 21 juin au 21 juillet, reste fidèle à ces formules originales qui ont fait leurs preuves depuis quinze ans, permettant d’associer programmes musicaux de qualité (le Quatuor Psophos, Dana Ciocarlie, Juliette Hurel, Gustav Leonhardt, Nemanja Radulovic, Jean-François Zygel, …) et découverte (en musique) de la nature picarde, plus particulièrement des forêts de Laigue et de Compiègne.


Si son nom évoque le «Million dollar trio» formé en son temps par Rubinstein, Heifetz et Piatigorsky, le Trio d’Argent n’est pas un classique trio piano/violon/violoncelle, mais associe depuis plus de vingt ans trois flûtistes français: un ensemble qui, en recourant aux différents instruments de la famille, ouvre sur un répertoire inhabituel, sans même avoir à se contenter exclusivement de transcriptions et arrangements, d’autant que les musiciens s’attachent à proposer des spectacles complets – sonorisés, voire mis en scène – davantage que des concerts traditionnels. Le programme qu’ils avaient préparé pour leur participation au Festival des Forêts était d’ailleurs prometteur, comprenant notamment la création des Chants de Raïssa de Thierry Pécou, quatre pièces liées à son futur opéra Les Sacrifiées, que l’on pourra notamment entendre au Théâtre Silvia Monfort en janvier prochain.


Mais si le programmateur propose, les aléas en disposent parfois autrement et il faut donc alors faire contre mauvaise fortune bon cœur. La fête a en effet failli être gâchée: non seulement aucune signalétique ne conduit à l’auditorium de La Croix-Saint-Ouen, bourgade du sud de Compiègne, hormis semble-t-il pour ceux qui avaient participé à la randonnée introductive, mais, surtout, l’un des trois protagonistes, Xavier Saint-Bonnet, s’étant blessé à la lèvre, le déroulement des événements prend un tout autre tour que celui originellement prévu.


François Daudin Clavaud et Michel Boizot, assistés de l’Ivoirien Julien Goualo au djembé et de Thierry Pécou au piano – auquel quinze ans de collaboration avec les musiciens du Trio d’Argent et l’expérience acquise avec son ensemble Zellig n’auront certainement pas été inutiles en la circonstance – sont donc contraints d’improviser. Mais ils feront mieux que meubler, permettant notamment de découvrir deux œuvres de François Daudin Clavaud: des Estampes planantes, mettant en valeur une flûte en bambou vietnamienne, tandis que Pécou tire le maximum de son piano, cordes et cadre compris; Transafrica qui, d’Afrique en Caraïbes, passe des incantations à une transe syncopée, rythmée par le djembé.


Entre-temps, Xavier Saint-Bonnet explique qu’il peut s’essayer à la flûte basse, laquelle requiert moins de tension que les instruments plus aigus. La Dix-septième sonate de Vivaldi offre certes peu de surprises, tout l’intérêt venant ce que les deux dessus et la basse deviennent ici respectivement flûte usuelle (en ut), flûte alto (en sol) et flûte basse, même si les mesures conclusives imitent des sonorités en pizzicato.


Occasion rare de voir réunies trois flûtes basses, Augenblick (1996) de Gualtiero Dazzi (né en 1960) fait référence à un Instant qui est celui du clignement d’yeux de Brahmâ, lequel ne reproduit qu’à l’échelle de milliers voire de millions d’années: une conception du temps que traduit la lente progression sur des mélismes autour d’une note vers une animation sous forme de trilles, laissant non moins progressivement place au silence.


Une fin d’après-midi mouvementée que les spectateurs accueillent néanmoins avec enthousiasme, d’autant que le Festival leur offre, en compensation de toutes ces émotions, la possibilité d’assister gratuitement à l’un des deux concerts du lendemain: une véritable aubaine lorsque l’on sait que le second n’est autre que celui de Gustav Leonhardt…


Le site du Festival des Forêts
Le site du Trio d’Argent



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com