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Une épopée admirative et sarcastique

Paris
Musée d'Orsay
06/12/2007 -  et 14, 16, 17*, 19 juin 2007
Roger Chantegrelet/Pierre Doubis : On est en République
Alfred Bert : Le Voyage présidentiel (fragment)
Roger Chantegrelet : Le Suffrage universel
Pierre Trimouillat : Le Reliquaire électoral
Maria Krysinska : Berceuse
Paul Delmet : La Fiancée aux étoiles
Georges Fragerolle : Clairs de lune
L. Michaud : Te plains pas soldat
Caran d’Ache : L’Epopée napoléonienne
Paul Marinier : Au clair de la lune
Jacques Ferny : La Chanteuse et le Conférencier
Léon Xanrof : Carnot-Polka
Traditionnel : Les Canonniers d’Auvergne – Les Houzards de la garde
Léopold Gangloff : Le jeune chef de musique
Marcel Legay : Jean-Pierre
Aristide Bruant : La Chanson du Chat noir

Françoise Le Golvan, Chloé Donne (mezzos), Jérôme Correas (baryton), Claude Aufaure (récitant), Susan Manoff (piano), Musique principale de l’armée de terre: Florent Delbée, Bruno Messiaen (trompette), Delphine Paquier (cor), Jean-Jacques Vasseur (trombone), Christian Gruson (tuba), Frédéric Besson (percussion)
Jean Godement (metteur en scène et marionnettiste), Josette Stein, Pierre Katuszewski, Bernard Thomas, Claude Bordier (marionnettistes), Mariel Oberthür (conseiller artistique), Claire Ananos (traduction numérique), Jean-Claude Penchenat, Samuel Bonnafil (metteurs en scène)


L’auditorium du Musée d’Orsay consacre sa fin de saison aux techniques qui ont précédé l’apparition du cinéma: avant des représentations de lanterne magique (La Vie de Giacomo Casanova – «destinée à un public adulte» – et A la recherche du temps perdu), c’est d’abord l’occasion de retrouver la quatrième saison des spectacles du cabaret Le Chat noir, notamment son théâtre d’ombres, toujours sous l’impulsion de l’historienne Mariel Oberthür et avec une équipe d’artistes – musiciens ou marionnettistes – rompus à cet exercice.


Proposé à cinq reprises, le programme du millésime 2007 est centré sur L’Epopée napoléonienne (1888), «pièce militaire» en deux actes et trente tableaux de Caran d’Ache. Pour ce qui est des ombres, le dispositif désormais habituel a été reconduit: articulées ou non, les silhouettes, dont certaines sont conservées à Orsay, sont mues par des marionnettistes dissimulés derrière un écran lumineux placé à mi-hauteur, faisant parfois appel à la couleur, reconstituée ici avec des images numériques. Claude Aufaure, qui personnifie Rodolphe Salis, récite avec une verve incomparable le boniment du maître du Chat noir, d’une passionnante ambiguïté, passant instantanément de la dérision – l’Empereur adopte ainsi un accent méridional et une voix aigrelette – à la nostalgie d’une certaine grandeur de la France, avec citation de Victor Hugo à l’appui.


Cette succession de vignettes bénéficie d’un bruitage ou d’un commentaire musical, souvent à base de citations (Le Chant du départ, La Marseillaise mais aussi une Marche militaire de Schubert et Tannhäuser de Wagner), assurés par six membres de la Musique principale de l’armée de terre: un clin d’œil anachronique, car en cette fin de XIXe, on imagine mal des militaires participant à une soirée au Chat noir au cours de laquelle Salis leur aurait solennellement remis des médailles aux intitulés loufoques, comme le Mérite de Saône-et-Loire…


Deux autres pièces de théâtre d’ombres sont également présentées: un seul des quatre tableaux du Voyage présidentiel, «ballade» de Ferdinand Fau sur une musique d’Alfred Bert, et, surtout, les six tableaux de Clairs de lune (1896), «féerie» de Georges Fragerolle: une musique très soignée et des images parfois très réussies, comme ces mouvements de houle sur la mer, viennent heureusement compenser le caractère ampoulé des textes, dont le baryton Jérôme Correas s’accommode autant que faire se peut.


Comme au temps du Chat noir, le théâtre d’ombres est entrecoupé de chansons, drôles ou sérieuses: Françoise Le Golvan et Chloé Donne, en robes d’époque, auxquels se joignent Jérôme Correas et même Claude Aufaure, accompagnés par l’incontournable Susan Manoff, font alterner satire politique (Le Reliquaire électoral), particulièrement goûteuse en cette période électorale, voire contestation plus ouverte (On est en République, Le Suffrage universel), mais aussi saynètes de caractère plus leste (Le jeune chef de musique), pour ne pas dire égrillard (Les Canonniers d’Auvergne), sans pour autant négliger un registre plus poétique, amer ou triste (La Fiancée aux étoiles, Au clair de la lune, Jean-Pierre).


Bien entendu, c’est sur La Chanson du Chat noir de Bruant que se concluent cette heure et demie d’une reconstitution décidément toujours aussi plaisante et instructive.



Simon Corley

 

 

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