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Un grand moment d’orchestre

Paris
Salle Pleyel
06/11/2007 -  
Ludwig van Beethoven : Coriolan (ouverture), opus 62 – Symphonie n° 1, opus 21 – Concerto pour violon, opus 61

Viviane Hagner (violon)
Gewandhausorchester Leipzig, Riccardo Chailly (direction)


Va-t-il falloir étendre la catégorie des fâcheux qui hantent les salles de concert – déjà riche des bavards, tousseurs, cliqueteuses de bracelets, détenteurs étourdis de téléphones portables et autres froisseurs de papiers de bonbons – aux adeptes du sudoku? C’est en tout cas l’avis d’un spectateur particulièrement vindicatif, qui, à l’issue de la soirée, vient vertement réprimander un amateur de ce sport cérébral: durant tout le concert, entracte compris, celui-ci s’est effectivement livré à cette activité qui paraît pourtant, à première vue, paisible et même silencieuse. Il semble toutefois que ce soient les coups de gomme énergiques et répétés auxquels donne lieu la résolution de ces problèmes chiffrés qui aient été de nature à perturber certains de ses voisins. Même si notre logicien a manifesté de temps à autre son intérêt pour la musique en jetant de rares coups d’œil vers la scène et en fredonnant quelques notes, c’est bien entendu principalement en termes de respect des artistes que son attitude prête le flanc à la critique. Mais cet autre spectateur qui, non loin de là, dormait quant à lui à poings fermés, est-il moins blâmable?


Intégralement consacré à Beethoven, le (court) programme ne se caractérisait certes pas par une originalité et une audace folles, alors que celui communiqué en début de saison prévoyait, outre le Concerto pour violon, une pièce contemporaine (Lied de Jörg Widmann) et la Troisième symphonie de Schumann. En réalité, même si leur dernière visite dans la capitale ne remontait qu’à mars 2006, c’est la venue dans la capitale de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et de Riccardo Chailly, Kapellmeister depuis septembre 2005, qui constituait l’intérêt principal de ce concert.


Et ils en apportent d’emblée une éclatante confirmation: dans l’ouverture de Coriolan (1807), le premier unisson – une attaque précise et tranchante, suivie d’une tenue d’une belle rondeur – annonce en effet un grand moment d’orchestre que la suite ne viendra nullement démentir: non seulement les légendaires pupitres de cordes saxons sont au rendez-vous, mais la couleur d’ensemble, riche et claire à la fois, d’une chaleureuse plénitude, ne cesse de flatter l’oreille.


Chailly donne le sentiment de ne pas vouloir se laisser griser par cette splendeur et de ne pas vouloir laisser filer les musiciens sur des chemins par trop confortables: au prix d’une animation et d’une tension parfois quelque peu extérieures, au risque de nuire à la fluidité et au naturel, il fignole chaque mesure et la moindre articulation, très attentif à l’accentuation et aux nuances dynamiques. N’hésitant pas à faire varier le tempo et à anticiper certains départs, il privilégie une approche singulièrement dramatique, voire nerveuse, du discours. On ne s’ennuie donc pas un instant dans la Première symphonie (1800), menée à vive allure, mais d’une mise en place impeccable, à l’image de l’agilité et de la cohésion des violons dans les redoutables traits en croches du Trio du Scherzo.


En l’absence de Sergey Khachatryan, souffrant, c’est Viviane Hagner qui interprète le Concerto pour violon (1806). Née en 1977 à Munich, la violoniste est encore peu connue du public français mais a en tout cas conquis celui de Pleyel avec une lecture de bon aloi, servie par une excellente technique, développant notamment la puissance requise, malgré une sonorité un peu étroite et acide dans l’aigu. Fine et élégante mais peu innovante, cette approche raisonnable contraste avec un accompagnement toujours aussi soigné, inventif… et magnifique, de telle sorte que l’on se prend souvent à prêter davantage attention à l’orchestre qu’à la soliste, qui offre en bis les très virtuoses Paganiniana de Nathan Milstein.


Le site de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
Le site de Viviane Hagner



Simon Corley

 

 

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