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Wotan en emporte le vent

Marseille
Opéra
05/16/2007 -  et 20*, 23 et 25 mai 2007
Richard Wagner: Die Walküre
Janice Baird (Brünnhilde), Torsten Kerl (Siegmund), Albert Dohmen (Wotan), Gabriele Fontana (Sieglinde), Sally Burgess (Fricka), Artur Korn (Hunding), Jialin-Marie Zhang (Gerhilde), Svetlana Lifar (Rossweisse), Mihaela Komocar (Helmvige), Helena Gabouri (Siegrune), Sandrine Eyglier (Ortlinde), Lucie Roche (Grimgerde), Anne Salvan (Waltraute), Valérie Marestin (Schwertleite)
Orchestre de l’Opéra de Marseille, Friedrich Pleyer (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Katia Duflot (costumes), Michel Hamon (éléments scénographiques), Gilles Papin (réalisation vidéo)


Signée par un Charles Roubaud très en forme, cette nouvelle production du deuxième volet du Ring restera dans les mémoires. Résolument moderne, la scénographie colle formidablement bien à l’essence même de la tétralogie : l’amour rédempteur triomphe de l’argent, du sexe, et du pouvoir. L’intérêt de cette très belle mise en scène est qu’elle raconte de façon lisible une histoire totalement « abracadabrantesque », comme dirait qui vous savez. Les éclairages savants, les projection de vidéos que l’on doit à Gilles Papain (autrefois assistant de Jacques Karpo), les mouvements horizontaux et verticaux de certains pans du décor guident le spectateur dans sa compréhension de l’histoire, sans le traiter comme un ignare auquel il faut tout expliquer, ou un wagnérien averti. Plastiquement, c’est incontestablement très beau. Dramatiquement, c’est très efficace. Habituée de la scène Marseillaise, Katia Duflot signe, comme à l’accoutumée, des costumes d’une grande beauté.


Sur le plateau s’affrontent deux Titans de classe internationale. Le baryton-basse Albert Dohmen a chanté maintes fois le rôle de Wotan sur les plus grandes scènes du monde avec le succès que l’on sait. Les Marseillais le connaissent bien puisqu’il y interpréta Barbe Bleue et un inoubliable Hollandais en 2004. Son incarnation du Maître du Walhalla force l’admiration. La voix est ample, profonde, et toutes les facettes du rôle sont abordées avec un réel bonheur. Impétueux, déclanchant sur la scène un vent de folie, il sait aussi devenir poignant dans ses adieux à Brünnhilde. L’Américaine Janice Baird est une Brünnhilde de tout premier plan. Belle à voir, semblant s’approprier l’espace scénique, elle porte ce rôle harassant sans donner la moindre impression de fatigue. La voix est irréprochable, égale dans tous les registres, brillante.


Face à ce tandem décoiffant, un autre tandem de haut vol : la Sieglinde de Gabriele Fontana et le Siegmund de Torten Kerl. Le rôle de Hunding, court mais intense, est tenu avec art par l’Allemand Artur Korn et la Fricka de Sally Burgess, en gardienne des lois du mariage, est aussi du plus haut niveau.
Quant aux Walkyries, elles ne sont pas en reste, avec toute fois une préférence pour la jeune Lucie Roche en Grimgerde.


C’est Patrick Davin, premier chef invité, qui devait présider aux destinées de la phalange marseillaise, mais c’est finalement Friedrich Pleyer que l’on retrouve à la tête d’un orchestre de l’Opéra flamboyant. En maître absolu de la pensée wagnérienne, l’Autrichien conduit ses musiciens dans les méandres savantissimes de cette musique qui donne tant de plaisir et dont il offre une lecture frémissante d’émotion et de profondeur solennelle.


Il est rarissime de sortir d’un spectacle d’opéra en se disant que tout, mais vraiment tout, était de la plus haute qualité. Ce fut le cas avec cette époustouflante Walkyrie qui fera date dans les mémoires, mettant ainsi un terme à une saison 2006/2007 particulièrement réussie.


La prochaine saison s’ouvrira en Septembre par une création mondiale Marius et Fanny de Vladimir Cosma sur un livret inspiré de Pagnol, avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu dans les rôles titres (vous avez bien lu), suivi de Madame Butterfly, du Barbier de Séville, de Jules César, du Bal masqué et de Manon.




Christian Dalzon

 

 

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