About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Tradition et modernité

Paris
Salle Pleyel
05/09/2007 -  
Camille Saint-Saëns : Le Rouet d’Omphale, opus 31
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2, opus 64
Pascal Dusapin : Extenso
Serge Prokofiev : Alexandre Nevski, opus 78

Régis Pasquier (violon), Tamara Tarskikh (mezzo)
Chœur de l’Orchestre Colonne, Patrick Marco (chef de chœur), Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard (direction)


Depuis qu’il a pris les rênes de l’Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard s’attache à concilier tradition et modernité. C’est en effet s’inscrire dans la grande tradition populaire d’Edouard Colonne que de fixer un tarif unique à 10 euros, faisant de cette association symphonique probablement le meilleur rapport qualité/prix de la capitale. Si, au cours de la saison précédente, une telle aubaine n’est pas toujours parvenue à remplir le mal-aimé Théâtre Mogador, le pari semble en revanche largement tenu cette année, si l’on en juge par l’affluence suscitée par le troisième et dernier des concerts proposés en 2006-2007 à Pleyel (deux autres concerts se tiendront encore Salle Gaveau les 22 mai et 5 juin prochains).


Hommage à la tradition, également, que la première partie du programme, car si Le Rouet d’Omphale (1871/1872) fut créé en son temps aux Concerts Pasdeloup, c’est aux Concerts Colonne, fondés en 1873, que furent interprétés pour la première fois les trois autres poèmes symphoniques de Saint-Saëns. Il est aussi regrettable qu’inexplicable que l’on n’entende plus beaucoup de nos jours ces pièces d’excellente facture – même la fameuse Danse macabre – alors qu’elles constituèrent durant des décennies de solides piliers, si l’on ose dire, des formations françaises: dès lors, cette fidélité à l’histoire se révèle en même temps porteuse d’originalité, tandis que Petitgirard fait contraster soigneusement la fluidité de l’évocation du rouet avec la progression centrale dépeignant la rage d’Hercule.


Rien de révolutionnaire non plus dans le Second concerto pour violon (1844) de Mendelssohn, mais un beau moment de musique porté par Régis Pasquier, parfois certes avec plus d’engagement que de précision: contrairement à bon nombre de solistes instrumentaux ou vocaux piégés par l’acoustique de Pleyel, le son du violoniste se projette sans peine, offrant de l’œuvre une lecture allante et généreuse, véhémente dans l’Allegro molto appassionato, mais sans en rajouter dans l’Andante. L’agilité de l’Allegro molto vivace se prolonge dans un bis qui ravit le public, le Dix-septième caprice (1805) de Paganini, lointain écho d’un brillant récital donné quelques semaines plus tôt à la Cité de la musique (voir ici).


Modernité en seconde partie, car avec Laurent Petitgirard, soutenu par Musique nouvelle en liberté, chaque soirée comporte une page de musique contemporaine française: après Thomassin, Petitgirard lui-même, Nigg, Lauba et Escaich, et avant Bacri et Campo, c’était ainsi le tour de Dusapin, qui avait fait le déplacement pour entendre son «solo pour orchestre n° 2», Extenso (1994). Heureuse initiative car le public réserve un accueil enthousiaste au compositeur et à ses immenses vagues sonores, compactes, âpres et sombres, qui semblent déjà annoncer les abîmes de Faustus, mais aussi à son art des transitions.


Le hiatus n’est pas si grand avec la force et la brutalité d’Alexandre Nevski (1939) de Prokofiev, que Petitgirard, également auteur de musiques pour le grand (et le petit) écran, dirige en connaisseur. Plus soucieux des grandes masses que du détail, il libère un orchestre rugissant, hurlant et tonitruant, notamment dans la célèbre Bataille sur la glace, menée à un train d’enfer. Les tutti pâtissent certes d’une certaine confusion, mais l’ensemble s’impose avec une parfaite efficacité, rehaussée par les excellentes prestations du Chœur de l’Orchestre Colonne, plus russe que nature, et de la mezzo Tamara Tarskikh, voix ample, à l’aise dans le registre grave que son Chant des morts investit longuement.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com