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Chemins faisant

Paris
Cité de la musique
04/28/2007 -  
Luciano Berio : Sequenza X – Sequenza XI – Sequenza IXc – Chemins V – Chemins IIc – Kol Od (Chemins VI)

Bruno Nouvion (trompette), Christian Rivet (guitare), Didier Pernoit (clarinette basse)
Orchestre philharmonique de Radio France, Josep Pons (direction)


Trois concerts, dont un consacré à Boucourechliev, et une «Citéscopie» (deux jours de conférences, «parcours documentaire» et ateliers divers): une fois de plus, la Cité de la musique a déployé un vaste ensemble de moyens au service d’un thème donné, afin cette fois-ci de mieux faire connaître ce fil rouge que constituent, au sein de la production de Berio, les quatorze Sequenze (sans compter leurs variantes éventuelles) et les six Chemins (auxquels il faut ajouter Corale), et, surtout l’articulation entre ces deux séries qui, de 1958 à son avant-dernier opus, en 2002, auront irrigué tout le catalogue du compositeur italien.


Selon un principe simple, déjà retenu par l’Ensemble intercontemporain pour le premier concert de ce cycle intitulé «Chemins intérieurs», l’Orchestre philharmonique de Radio France met d’abord en valeur ses individualités (ou un musicien invité) dans trois Sequenze solistes, puis, après un long changement de plateau faisant opportunément office d’entracte, les accompagne successivement, sous la direction de Josep Pons, dans l’un des Chemins, c’est-à-dire la pièce concertante correspondant à la Sequenza précédemment interprétée en première partie: un rapprochement qui montre que, d’un ensemble Sequenza/Chemins à l’autre, Berio a opéré avec une grande souplesse.


Dans la Sequenza X (1984) pour trompette et piano résonant, Bruno Nouvion, discrètement assisté au clavier par Catherine Cournot, relève non seulement le défi technique d’une page qui – sans recourir à des modes de jeu recherchés, sans même la moindre sourdine mais simplement avec la main gauche pour étouffer au besoin les sons – se livre à une passionnante étude de résonances, grâce aux cordes du piano qui vibrant par sympathie, mais rend en même temps justice à son caractère éminemment lyrique, servi par un timbre d’une belle richesse. Kol Od (Chemins VI) (1996) poursuit dans la même veine, l’orchestre – à la composition subtilement dosée (comprenant entre autres deux saxophones, accordéon, célesta, quatre clarinettes mais un seul hautbois) – reprenant à son compte les effets de résonance et y ajoutant de discrètes ponctuations plus rythmées.


Tout en n’esquivant pas les clichés ibériques ou latino-américains de la guitare mais sans davantage recourir à des «effets spéciaux», la Sequenza XI (1988), défendue avec brio par Christian Rivet, poursuit le travail sur la résonance, le jeu semblant ici consister à donner l’illusion de la continuité au moyen de divers procédés d’écriture (notes répétées, trilles, …). Chemins V (1992) permet ensuite de mesurer comment, en passant au stade concertant, la partie soliste reprend les éléments constitutifs de la Sequenza d’origine et comment l’orchestre, à nouveau constitué avec un grand souci de raffinement (notamment trois flûtes, accordéon et deux harpes), s’approprie, commente ou conteste ces éléments de discours.


Adaptation (1997) par le clarinettiste Rocco Parisi de la Sequenza IX (1980) pour clarinette, la Sequenza IXc révèle, s’il en était besoin, en la clarinette basse un instrument à la fois capable de virtuosité et de lyrisme. De fait, sans possibilité de polyphonie, à la différence de la guitare, ou même d’harmonies explicites (à la différence des résonances offertes à la trompette), c’est la donnée fondamentale des Sequenze qui s’impose avec force, à savoir l’agilité de l’interprète. Didier Pernoit n’est évidemment pas pris en défaut de ce point de vue, pas plus que dans l’hallucinant babil de Chemins IIc (1972): point de commentaire ou de réécriture de la Sequenza, en l’espèce, puisque la pièce concertante est, une fois n’est pas coutume, antérieure à la pièce soliste, et qu’elle consiste même en réalité en la superposition à Chemins IIb (1970) d’une partie de clarinette basse ad libitum, le tout formant un torrent de notes délivrant une formidable énergie.



Simon Corley

 

 

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