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Imperturbable Koroliov

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/25/2007 -  
Joseph Haydn : Variations en fa mineur, Hob. XVII.6
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 28, opus 101
Claude Debussy : Extraits des Préludes: Des pas sur la neige, La Sérénade interrompue, La Danse de Puck, Minstrels (Premier livre) – Canope, Les tierces alternées, Feux d’artifice (Second livre)
Serge Prokofiev : Sonate n° 2, opus 14

Evgueni Koroliov (piano)


La vingt-huitième édition de Piano aux Jacobins, du 6 au 28 septembre prochain, s’annonce une fois de plus prometteuse, puisque l’on y relève notamment les noms d’Aimard, Bronfman, Chamayou, Ciccolini, Freire, Goerner, Greilsammer ou Moravec, mais pour la dixième fois, le festival toulousain, avant ses non moins traditionnelles étapes à Shanghai et à Pékin en juin, a choisi de présenter dès le printemps au Théâtre des Champs-Elysées son concert d’ouverture, confié à Evgueni Koroliov (cinquante-huit ans), qui, en dépit d’un succès précoce, a développé sa carrière hors des sentiers battus et du vedettariat, affichant notamment une prédilection pour la musique de Bach.


Quatre semaines plus tôt, le précédent récital pianistique donné avenue Montaigne, celui d’Alexeï Volodin (voir ici), débutait déjà avec les Variations en fa mineur (1793) de Haydn. Difficile, à technique comparable, mais face à une telle opposition de conceptions et malgré la différence de générations, de parler ensuite d’une «école russe»: en effet, autant Volodin sollicitait excessivement le texte, autant Koroliov en offre une lecture d’une imperturbable rigueur et d’une parfaite limpidité, soutenant de la première à la dernière note un parti pris d’objectivité et un refus de la facilité témoignant d’une redoutable exigence, au risque de paraître simplement prudent, froid ou même indifférent.


Pas plus d’esbroufe dans la Vingt-huitième sonate (1816) de Beethoven, toujours aussi dépouillée, parfois jusqu’à une étonnante raréfaction (Adagio ma non troppo con affetto). Plus analytique que raide, ce Beethoven olympien évoque celui des Emerson quelques semaines auparavant au Louvre (voir ici), une telle hauteur de vue suscitant les mêmes interrogations, tant l’air des cimes paraît ici apporter la raison – avec des fugatos merveilleusement ciselés dans l’Allegro ma non troppo final – que l’enthousiasme.


Appliquée à sept Préludes extraits des deux Livres (1910/1912), la «méthode Koroliov» révèle un Debussy distancié, voire décapant, ce qui sied tout particulièrement à l’humour ou à l’ironie de pages telles que La Sérénade interrompue, La Danse de Puck ou Minstrels. Des pas sur la neige et Canope deviennent quant à eux des sortes de fragiles haïkus, tandis que Les tierces alternées retrouvent le classicisme d’une toccata à la Scarlatti. Enfin, dans des Feux d’artifice qui fusent grâce à une précision et une agilité constantes, le pianiste n’en semble pas moins presque parvenir à faire preuve de plus de spontanéité.


Toute la fougue romantique qui avait pu précédemment être déniée à Beethoven paraît refaire surface dans l’Allegro ma non troppo initial de la Deuxième sonate (1912) de Prokofiev, mais les mouvements suivants, par leur absence de débordements expressifs, leur emploi parcimonieux de la pédale et leur subtilité de toucher, traduisent le retour à un équilibre souverain: une véritable leçon, étrangement mendelssohnienne dans ce répertoire, à destination de ceux qui réduisent trop souvent Prokofiev à une frappe brutale du clavier.


Comme autant de petits bijoux aussi purs qu’étincelants, quatre brefs bis concluent la soirée: piquant Presto final de la Trente-huitième sonate (1773) en fa majeur de Haydn, élégante Mazurka de Chopin – la dernière des trois de l’opus 63 (1846) – et, bien sûr, un Bach évident et lumineux, articulé de façon splendide, que l’on ne lasse décidément pas d’entendre sous ses doigts.


Le site de Piano aux Jacobins



Simon Corley

 

 

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