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Jeunesse anglaise

Paris
Saint Michael’s English church
04/23/2007 -  
Frederick Delius : Sonate pour violon et piano en si majeur
Benjamin Britten : Trois divertimenti pour quatuor à cordes (*)
Howard Ferguson : Quatre pièces brèves pour clarinette et piano, opus 6
Ralph Vaughan Williams : Quintette pour clarinette, cor, violon, violoncelle et piano

Membres de l’Octuor de France: Jean-Louis Sajot (clarinette), Antoine Degremont (cor), Yuriko Naganuma, Jean-Christophe Grall (*) (violon), Laurent Jouanneau (alto), Paul Broutin (violoncelle), David Braslawsky (piano)


Avant sa traditionnelle résidence d’été à Bagatelle, l’Octuor de France, comme au printemps 2006, a donné une série de quatre concerts dans l’église Saint Michael, consacrés en tout ou partie à la musique anglaise. Si bien des lieux de culte n’offrent pas de conditions idéales, voire tout simplement décentes, pour y faire de la musique, il serait en revanche fort dommage de se laisser rebuter en l’espèce par une telle perspective, car installée au sous-sol d’un bâtiment moderne situé dans le quartier de l’Elysée, cette église anglicane se caractérise par une acoustique remarquable et un confort satisfaisant.


Si des ingrédients nouveaux ont été ajoutés – un piano désormais digne de ce nom et une présentation au cours de laquelle Georges Boyer fait bénéficier le public de ses qualités coutumières (clarté, heureux équilibre entre la mise en perspective et l’anecdote) – ces soirées sont toujours animées par la volonté de faire vivre des partitions apparaissant rarement à l’affiche, à l’image du programme de clôture, associant des pages de jeunesse de quatre compositeurs britanniques.


De publication posthume, la Sonate en si majeur (1892) fut cependant écrite bien avant les trois sonates (dûment numérotées) que Delius a ensuite éditées de son vivant (1914, 1923 et 1930). De coupe on ne peut plus classique, avec ses trois mouvements d’une durée de vingt-cinq minutes, elle ne cesse de rayonner sous l’archet de Yuriko Naganuma. Respirant sans cesse un bonheur sans nuages, la Sonate exprime cette aptitude à la félicité si typique de son auteur, quoique sans doute de façon moins évanescente que dans sa maturité. L’Allegro con brio initial n’en oppose pas moins deux thèmes, le premier à l’élan optimiste bien straussien, le second au charme un rien salonard mais aux modulations d’obédience franckiste. De forme ABA, l’Andante molto tranquillo poursuit dans une atmosphère lyrique et printanière, avec une partie centrale rappelant une sorte de simplicité populaire à la Grieg. L’Allegro con moto final révèle un tempérament plus solide et énergique, sans se départir toutefois d’un climat ensoleillé.


Les teintes froides, évoquant le Stravinski néoclassique, des Trois divertimenti (1933/1936) de Britten n’en contrastent que davantage. Comme les Deux pièces de Chostakovitch quasiment contemporaines, ces «chutes» de l’atelier d’un grand artiste, rescapées d’une Suite inachevée, ne font pas partie du catalogue officiel, ont été publiées de façon posthume, précèdent de quelques années les contributions plus substantielles que l’un comme l’autre ont apportées à ce genre mais, cultivant une ironie plus (Marche) ou moins (Valse, Burlesque) prononcée, traduisent déjà un métier hors du commun. Tenant sans peine les promesses de leur titre, elles proposent ainsi dix minutes tout à fait plaisantes de divertissement.


Encore plus courtes, les Quatre pièces brèves (1936) pour clarinette et piano de Howard Ferguson (1908-1999) n’ont pas la même ambition que les Quatre pièces de Berg, mais s’apparentent davantage, par leur énoncé explicite de mélodies populaires, aux Studies in English folk song, antérieures de dix ans, de Vaughan Williams, que le «patron» de l’Octuor de France, Jean-Louis Sajot, avait fait découvrir l’année passée. Par conséquent, nulle surprise ici, où l’on retrouve notamment, comme chez Britten, une Burlesque, mais aussi un Pastoral qui adopte, comme il se doit, un rythme de sicilienne.


Davantage encore que les trois précédentes, le Quintette (1898) de Vaughan Williams – à ne pas confondre avec le plus tardif Phantasy quintet pour cordes – mérite le qualificatif d’œuvre de jeunesse, bien que lui-même précédé de plusieurs tentatives chambristes (deux trios et un quatuor), car y reconnaître celui qui écrira douze ans plus tard la Fantaisie sur un thème de Tallis relève du défi. C’est en effet un exercice de style qu’il livre ici, tant par l’effectif, qui semble vouloir rassembler tous ceux que chérissait Brahms (violon, violoncelle, clarinette, cor et piano), que par le langage, s’inscrivant dans la filiation du Hambourgeois jusque dans sa prédilection pour certaines tournures archaïsantes. L’Intermezzo, en forme de valse, fait preuve d’une originalité un peu plus marquée, mais c’est le brillant et vigoureux Finale, bien plus Mitteleuropa que victorien, qui sera bissé à la satisfaction générale.




Simon Corley

 

 

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