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Drôles d’oiseaux

Paris
Salle Pleyel
04/05/2007 -  
Darius Milhaud : Le Bœuf sur le toit, opus 58
Francis Poulenc : Concerto pour deux pianos
Heitor Villa-Lobos : Uirapuru
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Deuxième suite)

Katia et Marielle Labèque (piano)
Orchestre national de France, Roberto Minczuk (direction)


Drôles d’oiseaux, allant par deux, qu’il s’agisse des compositeurs, des musiciens, des bis ou des ballets, pour ce programme haut en couleur. L’Orchestre national de France était ici confié pour la première fois à un proche de Kurt Masur, Roberto Minczuk, quarante ans, qui cumule actuellement les fonctions de directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Calgary et de directeur artistique de l’Orchestre symphonique brésilien, après avoir été chef associé de l’Orchestre philharmonique de New York et principal chef invité de l’Orchestre symphonique de l’Etat de Sao Paulo.


Deux compositeurs du Groupe des Six, en première partie, avec d’abord le Bœuf sur le toit (1919) de Milhaud: peut-être inspirée par les récents records de vitesse ferroviaire, une lecture brouillonne et précipitée laisse hélas un sentiment bien éloigné de la poésie, du charme et de la sensualité que Bernstein y mettait, voici trente ans, avec le même orchestre.


Deux pianistes, les sœurs Labèque, pour le Concerto (1932) de Poulenc: on aura rarement entendu l’œuvre tirée ainsi du côté du premier Prokofiev, de son constructivisme, de son ironie mais aussi de son lyrisme, nullement négligé dans le Larghetto central. Même si l’activisme habituel de Katia, qui frappe le sol de son talon gauche, peut toujours irriter, ce parti pris «en noir et blanc» ne constitue pas nécessairement un contresens et offre un aperçu rafraîchissant sur l’un des chevaux de bataille des duettistes françaises.


Deux bis, qui appellent en revanche davantage de réserves, qu’il s’agisse du Jardin féerique concluant Ma Mère l’oye (1910) de Ravel, trop chargé d’intentions, ou de cette Polka d’Adolfo Berio (1847-1942), le grand-père de Luciano, que le duo, de retour dès le 9 décembre prochain en récital au Théâtre des Champs-Elysées, ne manque jamais de donner.


Deux pièces destinées aux Ballets russes, en seconde partie, même si la première n’y fut finalement pas créée, et deux Oiseaux à la notoriété différente. Il ne fallait pas en effet rater l’occasion d’entendre le rare Uirapuru (1917) de Villa-Lobos, l’une des premières partitions marquantes d’un catalogue aussi touffu que la forêt amazonienne: défendu en son temps par Stokowski, ce ballet «primitif» narrant la légende d’un «oiseau magique», trouve en Minczuk et dans le National, que le compositeur venait régulièrement diriger dans les années 1950, des interprètes non moins convaincus. La version de 1919 de la Suite de L’Oiseau de feu (1910) de Stravinski en réduit doublement la portée: dans sa durée, bien sûr, mais aussi dans l’allégement de son orchestration, ce qui ne remet nullement en cause la solidité et l’efficacité du travail du chef brésilien, qui tire le maximum de ce «petit format»: s’il sembler décidément apprécier les tempi rapides, il laisse néanmoins ici davantage de place à la respiration, à l’image d’une Berceuse d’un heureux effet.



Simon Corley

 

 

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