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Fatum

Paris
Salle Pleyel
03/23/2007 -  
Franz Liszt : Les Préludes
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36

Nikolaï Lugansky (piano)
Orchestre national de Russie, Mikhaïl Pletnev (direction)


A l’échelle de l’histoire d’une formation symphonique, l’Orchestre national de Russie, apparu en 1990, est un tout jeune ensemble, qui ne peut rivaliser, du moins sur le terrain de l’ancienneté, avec les prestigieuses phalanges pétersbourgeoises ou moscovites. Toutes choses égales, sa création par un pianiste, Mikhaïl Pletnev, soucieux de renouveler le paysage musical de son pays, évoque celle de l’Orchestre du Festival de Budapest, quelques années plus tôt, par Zoltan Kocsis et Ivan Fischer. Après un déplacement aux Etats-Unis avec son premier chef invité, Vladimir Jurowski, l’orchestre enchaîne sur une tournée qui le conduira, d’ici le 29 mars, en France, en Allemagne et en Hongrie, cette fois-ci exclusivement sous la direction de son fondateur, qui, au cours des dernières années, s’était présenté au public parisien en soliste ou en récital et non comme chef: ce programme, s’il ne brillait pas par son originalité, valait donc cependant par la perspective d’une double découverte.


Les Préludes (1853) offrent une entrée en matière très engageante: une «direction de pianiste», assurément – et quand il possède la personnalité d’un Pletnev, ses impulsions et ses fulgurances, les musiciens ont du mérite à le suivre – mais qui convient à ce registre de poème symphonique, ayant en outre le mérite de renouveler l’intérêt d’une partition que chacun croit ne connaître que trop. Les cuivres claquent, la tempête souffle, le propos s’épanche avec fermeté, dans un tempo souvent allant: un Liszt qui porte beau, la seule relative déception provenant du caractère standard de l’orchestre, tant du point de vue de la sonorité que de la technique, à l’image de ces cors qui passent une soirée bien malheureuse, l’Orchestre du Mariinski de Gergiev (voir ici) ou, tout récemment, la Philharmonie de Saint-Pétersbourg de Termikanov (voir ici) ayant laissé de bien meilleurs souvenirs de ce double point de vue.


Dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) de Rachmaninov, autre œuvre marquée par le poids de la fatalité, avec l’apparition du Dies iræ dès la septième variation, le tempérament plus réservé de Nikolaï Lugansky parvient à se concilier avec celui de ses partenaires. L’impression prévaut que chacun fait ici des concessions: on a connu le pianiste moins engagé, également plus précis et moins dur, tandis que Pletnev, de son côté, fait un pas vers moins d’exubérance, mais ce mariage de la carpe et du lapin, à la mise en place pas toujours très nette, sert une conception plus segmentée qu’unitaire. Le bis – la Berceuse, première des six Mélodies de l’opus 16 (1872) de Tchaïkovski, arrangée en 1941 par Rachmaninov – assure avec finesse, tant par son choix que dans sa restitution, la transition vers la seconde partie.


Non moins animée par l’idée de fatum, la Quatrième symphonie (1877) de Tchaïkovski bénéficie d’une interprétation plus soucieuse de nuances et de subtilité qu’à l’ordinaire (thème de valse du premier mouvement, Andantino in modo di canzona), mais ne manque pas d’énergie pour autant, avec un remarquable timbalier, très présent. Les tempi, généralement vifs mais que Pletnev s’ingénie toujours à faire fluctuer, contribuent à alléger le discours, quitte à bousculer l’articulation, en particulier dans le Scherzo.


Pleyel accueillera à nouveau la saison prochaine, mais cette fois-ci à quelques jours de distance, Lugansky, d’une part, Pletnev et l’Orchestre national de Russie, d’autre part, proposant des associations qui paraissent très prometteuses sur le papier: le premier dans le Troisième concerto de Rachmaninov, avec Paavo Järvi et l’Orchestre symphonique de Cincinnati (10 avril), les seconds dans le Second concerto de Chostakovitch avec Gidon Kremer (18 avril).


Le site de l’Orchestre national de Russie
Le site (non officiel) de Nikolaï Lugansky
Le site (non officiel) de Mikhaïl Pletnev



Simon Corley

 

 

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