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Un Requiem de plomb

Paris
Salle Pleyel
03/14/2007 -  et le 15 mars 2007
Giuseppe Verdi : Requiem
June Anderson (soprano), Guang Yang (mezzo), Miroslav Dvorsky (ténor), Mikhaïl Petrenko (basse). Chœur et Orchestre de Paris, Didier Bouture et Geoffroy Jourdain (chefs de chœur), Christoph Eschenbach (direction).

Pour son trentième anniversaire, le chœur chante d’abord, dirigé par Didier Bouture, un Pater noster de Verdi, plein de ferveur et de nuances. Il chante aussi très bien le Requiem, que les plus anciens ont appris avec Arthur Oldham, pour des concerts dirigés par Barenboim, Giulini, Bychkov ou Prêtre. Christoph Eschenbach, lui, ne montre malheureusement guère d’affinités avec cette musique. Quand Giulini, à la fin de sa carrière, prenait des tempos amples, il les habitait et ne semblait jamais lourd : on était vraiment ailleurs. Eschenbach, lui, ne fait qu’appuyer et grossir les effets, colle son orchestre à la terre, ralentit inutilement les fins de phrases, comme s’il voulait expliquer ce qu’il fait. C’est en place mais c’est ennuyeux, parfois pompier – le Sanctus par exemple. Ce Requiem, où s’expriment pourtant une angoisse et un espoir, se réduit à une gigantesque machinerie sonore. Dommage : l’orchestre est en belle forme, tous pupitres confondus, offrant ici ou là des moments de grâce comme à la fin de l’Offertoire.
Les solistes sont très inégaux. La basse Mikhaïl Petrenko convainc, par sa sobriété et son homogénéité, refusant tout effet, notamment dans « Mors stupebit », restant noble de ligne dans le « Confutatis ». On n’en dira pas autant de Miroslav Dvorsky, qui fait tout ce qu’un ténor ne doit pas faire ici : aigus hurlés et serrés à cause de la raideur de l’émission dans l’ »Ingemisco », pianissimos totalement détimbrés dans « Hostias », phrasés décomposés à cause d’un souffle mal maîtrisé. Guang Yang est beaucoup plus orthodoxe, avec une voix bien conduite, un rien métallique peut-être, des graves pas trop poitrinés. Mais elle reste parfois trop monolithique, chantant un peu trop Amnéris ou Azucena, n’arrivant pas à se désincarner dans le « Lux aeterna ». Malgré un timbre légèrement décoloré maintenant, June Anderson conserve une santé vocale stupéfiante, capable de pianissimos aigus éthérés – impeccable si bémol filé, pourtant si redoutable, dans « Requiem aeternam ». Le bas médium et le grave manqueront néanmoins toujours à cette ancienne Lucia lorsqu’elle voudra aborder des parties plus lourdes : on cherche en vain à percevoir « Tremens factus » ou « Libera me ». La masse orchestrale et chorale est parfois, malgré la qualité parfaite de la projection, près de la submerger. Mais il y a le style, l’art d’habiter les notes, de faire passer quelque chose dans le chant. Et puis elle sait, elle, que faire de cette musique. Dans le « Libera me », en dépit de toutes ses lacunes, c’est elle qui nous rappelle qu’on entend du Verdi.



Didier van Moere

 

 

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