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Le quatuor du prophète

Paris
Auditorium du Louvre
02/15/2007 -  
Johann Sebastian Bach : Contrapunctus I et IX extraits de «L’Art de la fugue» , BWV 1080
György Kurtag : Moments musicaux, opus 44
Robert Schumann : Quatuor n° 3, opus 41 n° 3

Quatuor Elias: Sara Bitlloch, Donald Grant (violon), Martin Saving (alto), Marie Bitlloch (violoncelle)


L’Auditorium du Louvre accueillait dans le cadre de ses «Concerts du jeudi» le Quatuor Elias: beau nom que celui de ce prophète commun aux trois religions du Livre – mais aussi celui de l’oratorio de Mendelssohn – pour cet ensemble qui fut deuxième prix du Concours de quatuors de Londres (2003) sous le nom de Quatuor Johnston, celui de son premier violon d’origine, remplacé depuis par Sara Bitlloch. Elle a ainsi rejoint sa sœur Marie, violoncelliste, au sein de ce quatuor constitué en 1998 au Royal Northern College of music de Manchester.


Composé avec un louable souci d’originalité, le programme débutait par deux extraits de L’Art de la fugue (1750) de Bach: une approche de compromis, qui ne cherche pas à faire baroque à tout prix, malgré un usage raisonné du vibrato, mais qui ne verse pas pour autant dans l’épaisseur ou la boursouflure, avec même un Contrapunctus IX qui se fait légèrement dansant.


Destinés au Concours de quatuors de Bordeaux en 2005 (voir ici), les six Moments musicaux de Kurtag accomplissent depuis une belle carrière: cela tient évidemment au fait que les douze concurrents de cette édition ont eu bien légitimement à cœur de mettre à profit, dans la suite de leur carrière, leur travail de préparation de cette partition imposée, mais surtout aux qualités d’une œuvre d’autant plus précieuse que son auteur a toujours cultivé la rareté et la concision. Dans une prestation de belle facture, les Elias se révèlent plus à l’aise dans les pièces lentes et expressives (Invocatio [un fragment], Footfalls [... mintha valaki jönne...], Les Adieux (in Janaceks Manier)), rappelant l’expression de la seconde Ecole de Vienne, voire un velouté postromantique (In memoriam György Sebök), que dans les pièces vives et «humoristiques» (Capriccio, ... rappel des oiseaux... [étude pour les harmoniques]). Dommage toutefois qu’ils n’aient pas suivi le souhait formulé très précisément par le compositeur quant à l’utilisation de sourdines métalliques.


Dans le Troisième quatuor (1842) de Schumann, la formation britannique recourt à une vaste palette de nuances pour rendre justice aux états d’âme successifs qu’elle ne cherche pas à unifier. Mais quelles que soient la rugosité ou la vigueur déployées, la mesure l’emporte toujours, même dans l’urgence de l’Assai agitato, même dans le rythme pointé de l’Adagio molto, jamais vraiment inquiétant. Malgré un premier violon parfois en retrait, la cohésion du Quatuor Elias demeure cependant un point fort, qui s’illustre notamment dans un Finale risqué et entraînant, tant le tempo semble sans cesse s’accélérer vers la conclusion.


Le bis fournit l’occasion de mettre en valeur le second violon, Donald Grant, qui – aidé dans un français parfait par Sara Bitlloch, d’origine catalane – explique avec un délicieux accent écossais qu’il va interpréter une mélodie de son pays qu’il a lui-même arrangée, évoquant un village marqué par une célèbre bataille entre clans rivaux (1688): Lament for Mulroy, au travers d’un long solo de violon, qu’il joue debout, rejoint ensuite par l’accompagnement très discret de ses trois partenaires, déroule un chant au fort parfum celte.



Simon Corley

 

 

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