About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La Reine d’Angleterre et la Reine des Vocalises

Zurich
Opernhaus
01/14/2007 -  et les 17, 19, 21, 24, 26, 28* janvier, 2, 4, 6 et 8 février 2007

Georg Friedrich Haendel: Semele


Cecilia Bartoli*/Ann Helen Moen (Semele), Liliana Nikiteanu (Ino), Birgit Remmert (Junon), Isabel Rey (Iris), Charles Workman (Jupiter/ Apollon), Anton Scharinger (Cadmus/ Somnus), Thomas Michael Allen (Athamas)


Chœur de l’Opernhaus de Zurich (préparation: Jürg Hämmerli et Ernst Raffelsberger), Orchestre «La Scintilla» de l’Opernhaus, direction musicale: William Christie. Mise en scène: Robert Carsen, assisté d’Elaine Tyler-Hall, décors: Patrick Kinmonth, lumières: Robert Carsen et Peter van Praat, chorégraphie: Philippe Giraudeau



La production de Semele signée Robert Carsen actuellement à l’affiche de l’Opernhaus de Zurich est une reprise du spectacle créé en 1996 au festival d’Aix-en-Provence. Le metteur en scène canadien a transposé le chef-d’œuvre de Haendel à notre époque, pour en donner un condensé du fameux «annus horribilis» vécu en 1992 par Elizabeth II. Dans un décor sobre (Patrick Kinmonth) fait alternativement de chaises alignées et d’un grand lit se succèdent adultères, scandales relatés dans la presse, filatures et disputes homériques. L’auteur du livret, William Congreve, avait voulu s’essayer à une satire de la monarchie anglaise en associant les personnages de la mythologie aux membres de la famille royale. Robert Carsen ne fait que moderniser le propos, en adaptant cette comédie de mœurs et en prenant pour cible la Reine et son entourage. Et lorsque, à la fin de l’ouvrage, Semele meurt pour avoir voulu tenter de se faire une place dans l’Olympe, on ne peut bien sûr s’empêcher de faire le rapprochement avec Diana, ce qui prouve combien Carsen a vu juste. Onze ans après sa création, le spectacle n’a en tout cas pas pris une seule ride et garde toute sa fraîcheur et sa pertinence.


Malgré tout, quels que soient les mérites de la mise en scène, cette reprise vaut surtout pour les débuts de Cecilia Bartoli dans le rôle-titre. Celle-ci, on le sait, réserve désormais ses très rares apparitions dans un théâtre lyrique à l’Opernhaus. Après Il Trionfo del Tempo e del Disinganno et Giulio Cesare, elle aborde sa troisième partition de Haendel, et aussi son premier opéra dans une autre langue que l’italien. Nouveau personnage donc, et nouveau triomphe, amplement mérité. Cecilia Bartoli ne fait pas mentir sa réputation de reine des vocalises. Dans une scène qui restera comme le moment fort du spectacle et qui fait déjà office de passage d’anthologie, fort heureusement immortalisé par les caméras (la sortie d’un DVD est prévue pour Noël), la chanteuse romaine, tout en se prélassant, sur son lit, devant un miroir, se lance dans un feu d’artifice vocal ahurissant, proche de la perfection. Et tant pis si les tempi du chef d’orchestre la mettent constamment sur le fil du rasoir ou si sa diction anglaise laisse poindre un zeste d’accent, le public ne s’y trompe pas et lui réserve une véritable ovation, conscient d’avoir assisté à une démonstration étourdissante, de très haut niveau. Du grand art. Et que dire des pianissimi émouvants de la diva, qui réussit à exprimer mille et une émotions par le seul artifice d’un simple souffle de voix.


Fort heureusement, le reste de la distribution ne sert pas uniquement de faire-valoir. A commencer par Charles Workman, qui offre une prestation de très haute tenue, avec une ligne de chant remarquablement conduite. On admire aussi le talent comique d’Isabel Rey en dame de compagnie souffre-douleur, ainsi que la Junon de Birgit Remmert en Queen naturellement hautaine, plus vraie que nature. Sans oublier bien sûr William Christie et les musiciens de l’orchestre «La Scintilla», qui insufflent élan et dynamique à un spectacle qui restera sans conteste dans les annales de l’Opernhaus.





Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com