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Janowski le brucknérien

Paris
Salle Pleyel
01/17/2007 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sérénade n° 6 «Serenata notturna», K. 239
Henri Dutilleux : Correspondances
Anton Bruckner : Symphonie n° 6

Sandrine Piau (soprano)
Orchestre de Paris, Marek Janowski (direction)


Comme pour ses débuts avec l’Orchestre de Paris en octobre 2004 (voir ici et ici), Marek Janowski dirige deux programmes à une semaine intervalle, selon un schéma comparable: l’un centré sur Bruckner, l’autre dévolu au romantisme germanique, s’inscrivant cette fois-ci dans le cycle Schumann que l’orchestre propose tout au long de la saison. Assez composite et dépourvu de logique apparente, le premier de ces concerts est précédé d’un incident que la nouvelle disposition de la Salle Pleyel n’avait pas encore occasionné à ce jour: les musiciens et leur chef doivent attendre que trois retardataires aient tranquillement rejoint leur place dans le chœur, derrière la scène, sous les applaudissements moqueurs de quelques spectateurs.


La Sixième sérénade «Serenata notturna» (1776), même après une «année Mozart» que l’on a pourtant cru exhaustive, demeure assez rare: elle est en effet écrite pour «deux orchestres», même si elle associe en fait un quatuor soliste, emmené ici par Roland Daugareil, au reste des cordes et aux timbales. Plus carré que soucieux de donner des gages au style galant, Janowski veille en outre à mettre en valeur les effets d’écho entre les deux formations.


Après un long changement de plateau, suivaient les Correspondances (2003) de Dutilleux, un autre compositeur largement fêté tout au long de 2006: à cinq jours de son quatre-vingt-onzième anniversaire, le compositeur était une fois de plus présent pour l’occasion et a reçu son ovation coutumière. Janowski emploie avec parcimonie un effectif considérable (dix contrebasses), car Sandrine Piau, si elle possède la tessiture et la finesse requises, peine en revanche à s’imposer dans une salle de cette taille. En outre, sa diction n’est pas nécessairement meilleure que celle de chanteuses anglophones comme Dawn Upshaw, créatrice de l’œuvre, ou Barbara Hannigan, qui l’a présentée à plusieurs reprises à Paris.


En seconde partie, Janowski confirme qu’il demeure l’un des grands interprètes actuels de Bruckner. Dès l’attaque du Majestoso initial, dans un tempo étonnamment retenu, il est clair qu’il n’abordera pas à la légère la «petite» Sixième symphonie (1881), l’une des moins longues et des plus négligées. Même si l’on retrouve, dans le Finale (au demeurant sans doute le mouvement le moins abouti), sa tendance à presser l’allure, rarement on aura vu et entendu le chef allemand aussi expansif, lyrique, attentif aux respirations tout en soulignant les contrastes de nuances. Sans avoir perdu de sa fermeté, son art frappe en même temps par sa subtilité, notamment dans la façon dont il conduit les transitions, essentielles dans ces vastes constructions: un Bruckner puissant, mais jamais figé ni massif, servi par un orchestre conquis, dont la cohésion l’emporte sur les qualités individuelles.



Simon Corley

 

 

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