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Le président Davis

Paris
Salle Pleyel
01/09/2007 -  et 6, 7 janvier 2007 (London)
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 35 «Haffner», K. 385 – Concerto pour piano n° 22, K. 482
Edward Elgar : Enigma variations, opus 36

Emanuel Ax (piano)
London symphony orchestra, Colin Davis (direction)


Les principaux acteurs de la saison symphonique de Pleyel sont bien entendu l’Orchestre de Paris, en «résidence permanente», et l’Orchestre philharmonique de Radio France, également en résidence, mais un orchestre invité bénéficie, par le biais d’une convention signée avec la salle du faubourg Saint-Honoré, d’une place privilégiée. Il s’agit de l’Orchestre symphonique de Londres, qui y reviendra donc régulièrement. C’est avec une longue tradition que l’on renoue de la sorte: fondée l’année même de l’Entente cordiale, la phalange anglaise avait, dès 1906, réservé à Paris la première tournée de son histoire. Au cours de la présente saison, après Bernard Haitink (voir ici), on pourra ainsi l’entendre avec son nouveau «chef principal», Valery Gergiev.


Précédent principal conductor, Colin Davis est celui qui a exercé ce mandat le plus longtemps dans l’histoire de l’orchestre, soit onze ans (de 1995 à 2006). Au tournant des années 1960 et 1970, lorsqu’il officiait, en sa qualité de directeur musical de l’Orchestre symphonique de la BBC, pour la dernière nuit des Proms, des banderoles dans le public avaient lancé le slogan «Colin Prime Minister!». Si ce souhait n’a pas (encore) été réalisé, le chef britannique, désigné entre temps «fumeur de pipe de l’année 1996», est cependant devenu president le 1er janvier 2007: président de l’Orchestre symphonique de Londres, une fonction essentiellement honorifique mais particulièrement prestigieuse, si l’on se souvient que parmi ses (seulement) cinq prédécesseurs, les deux derniers détenteurs de ce titre furent Karl Böhm (1977-1981) et Leonard Bernstein (1987-1990). Une fonction qui lui permet surtout de continuer à entretenir des rapports privilégiés avec le LSO, qu’il retrouvera plusieurs fois au cours de la saison, comme dans ce programme rodé à deux reprises dans la capitale britannique avant d’être présenté à Paris.


Sans grande surprise, c’est un Mozart à l’ancienne manière, proche de l’univers des deux premières symphonies de Beethoven, qu’il impose dans la Trente-cinquième symphonie «Haffner» (1782): charnue et colorée, ses contours n’en demeurent pas moins nets et précis, malgré un effectif important (cinquante cordes). Davis alterne phrasés souples et attaques incisives, qu’autorise la parfaite cohésion de l’orchestre, tout en soignant attentivement la sonorité. Cette réalisation impeccable témoigne d’un autre temps, celui de Beecham par exemple, et ne manque pas de séduction dans les mouvements extrêmes. On peut en revanche rêver le Menuet plus léger et dansant, mais c’est l’Andante qui suscite les principales réserves: rubato excessif et, surtout, tempo très retenu, d’autant qu’il faut supporter les deux reprises, un choix assez inattendu puisque l’unique reprise du premier mouvement avait été omise.


Dans le Vingt-deuxième concerto (1785), l’accompagnement, toujours aussi fourni, continue d’évoquer Beethoven (au fil des trois mouvements, le Concerto «L’Empereur», la Marche funèbre de la Symphonie «Héroïque» et le Final du Concerto pour violon). Entre le chef, avec sa tendance à ralentir l’allure et à épaissir les textures, et le soliste, au jeu clair, fin, articulé, objectif et dépouillé, parcimonieux en pédale, l’attelage a tendance a tirer à hue et à dia. Dommage, car Emanuel Ax s’attache visiblement à établir le dialogue avec l’orchestre, jusqu’à inclure une brève intervention de flûte dans la cadence de l’Allegro final. En bis, le pianiste américain offre la Deuxième (en la mineur) des trois Valses de l’opus 34 (1831), sans surcharge ni alanguissement, où la délicatesse ne se transforme pas en évanescence.


Sir Colin et le LSO dans les Variations «Enigma», y a-t-il meilleure façon de fêter le cent cinquantième anniversaire de la naissance d’Elgar? Minutieusement fignolée (trente-quatre minutes), leur interprétation, ample et opulente dans les pages lentes, puissante et énergique dans les pages animées, est nimbée d’une indispensable touche d’humour et d’understatement: l’ensemble traduit de solides certitudes victoriennes, mais rien de plus normal pour cette œuvre fondatrice de la musique anglaise, composée en 1899. L’orchestre n’est peut-être pas l’un des cinq meilleurs du monde, comme l’affirme d’emblée et non sans aplomb sa présentation reproduite dans les notes de programme, mais son homogénéité et son professionnalisme forcent l’admiration.


L’absence de bis, qui décevrait de la part d’un orchestre en tournée, se justifie davantage s’agissant d’un orchestre en résidence, même s’il est sans doute encore un peu difficile de se faire à l’idée qu’il a désormais ce statut…


Le site de l’Orchestre symphonique de Londres
Le site d’Emanuel Ax



Simon Corley

 

 

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