About us / Contact

The Classical Music Network

Rennes

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Hercule fainéant

Rennes
Opéra
12/29/2006 -  et les 31 décembre 2006 et 1er janvier* 2007
Claude Terrasse : Les Travaux d'Hercule
Lionel Muzin (Hercule), Bruno Guitteny (Palémon), Olivier Naveau (Augias), Jean-Louis Poirier (Orphée), Elisa Doughty (Omphale), Stéphanie Pinard (Erichtona), Jean-Michel Fournereau (Hannon), Valery Rodriguez (Lycius). Chœur de l’Opéra de Rennes, Orchestre de Bretagne, Gwennolé Rufet (direction). Mise en scène, décors et lumières : Eric Chevalier.

Hercule ? Un paresseux. Ses travaux ? Accomplis par Augias, séducteur musculeux qui le remplace aussi dans l’intimité conjugale, où il n’est pas plus vaillant. Mais rien à faire contre l’opinion publique : les lauriers sont pour Hercule et la belle Omphale, qui avoue préférer à l’héroïsme les profits qu’on en tire, plaque Augias pour jouir de la renommée usurpée de l’époux fainéant. On dirait aujourd’hui qu’elle a compris le pouvoir de l’image… Pas si démodé, ce renversement du mythe concocté en 1901 par le tandem Robert de Flers et Gaston de Caillavet. Les Travaux d’Hercule sont à Claude Terrasse ce que La Belle Hélène est à Offenbach. Comme son prédécesseur, Terrasse manie à plaisir le second degré : cet « opéra-bouffe » ne manque pas de clins d’œil au grand répertoire d’opéra, avec ce finale qui rappelle un peu le chœur des soldats du Faust de Gounod, ou cet « air du rire » où Omphale semble se souvenir de Manon – celle de Massenet, celle d’Auber. Mais ce qui était citation chez Offenbach devient plutôt allusion chez lui. La musique est subtile, joliment colorée, pas seulement fonctionnelle. Merci donc à l’Opéra de Rennes – en coproduction avec celui de Metz – de nous avoir rendu ce petit joyau de notre patrimoine.
La production est à l’image de l’œuvre : tout en finesse, jamais caricaturale. Dans un décor sobre, entre Antiquité et Troisième République, éclairé de belles lumières, Eric Chevalier dirige avec humour une équipe qui joue aussi bien qu’elle chante. Parfois mieux : l’Hercule de Lionel Muzin ou l’Orphée de Jean-Louis Poirier sont surtout des diseurs, parfaits dans des rôles qui n’exigent pas ce qu’on appelle des voix. Olivier Naveau, en revanche, se prend un peu au piège de sa voix bien timbrée et a tendance à tirer l’avantageux Augias vers le baryton d’opéra. Ce que se gardent bien de faire Bruno Guitteny et Elisa Doughty. Le premier révèle, au-delà de ses dons de comédien, un ténor très sûr, jusque dans l’aigu, donnant à Palémon un relief inattendu. Omphale mutine et craquante, comédienne accomplie, la seconde séduit aussitôt par sa jolie petite voix fruitée, dont le rôle met cependant à nu les limites du médium, mais surtout par la façon dont elle s’est approprié le style français, maîtrisant les dialogues parlés avec une aisance étonnante, pouvant en remontrer à ses consœurs de l’hexagone. Gwennolé Rufet entraîne avec enthousiasme l’Orchestre de Bretagne dans l’aventure, tenant bon les rênes – si l’on peut dire – et veillant scrupuleusement à l’équilibre entre la scène et la fosse.
Pas seulement un spectacle de fin d’année : une résurrection pleinement justifiée, accompagnée d’une intéressante exposition sur « l’Antiquité en folie ».




Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com