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Candide enfin au répertoire français

Paris
Théâtre du Châtelet
12/11/2006 -  et 13, 15*, 19, 23, 26, 28 & 31 décembre
Leonard Bernstein : Candide
Lambert Wilson (Voltaire, Pangloss, Martin), William Burden (Candide), Anna Christy (Cunégonde), Kim Criswell (la Vieille Dame), John Daszak (le Grand Inquisiteur, le Capitaine, le Gouverneur, Vanderdendur, Ragotski), Jeni Bern (Paquette), David Adam Moore (Maximilien), Ferlyn Brass (Cacambo)
Chœur du Théâtre du Châtelet, Stephen Betteridge (chef de chœur), Ensemble Orchestral de Paris, John Axelrod (direction)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Rob Ashford (chorégraphie), Michael Levine (décors), Buki Shiff (costumes), Peter Van Praet (lumières), Ian Burton (dramaturgie)

Pour Leonard Bernstein, Candide était une œuvre à la fois militante et américaine. Militante parce qu’il y dénonçait, à travers Voltaire, toute l’injustice du monde. Américaine parce qu’il y fustigeait, à l’époque du sénateur McCarthy, toutes les dérives de la bonne conscience d’une société.
Aidé de son dramaturge Ian Burton, Robert Carsen a retenu la leçon, en la transposant dans l’Amérique de l’époque, non sans s’autoriser quelques incursions dans l’actualité d’aujourd’hui – la parodie de sommet des grands de ce monde, avec Bush, Chirac, Berlusconi, Blair et Poutine, est impayable. Le tout présenté à travers un écran de télévision des années cinquante, où l’on voit Marilyn Monroe, Kennedy, des magnats du pétrole texan… L’Inquisition devient le Ku Klux Klan. Candide débarque à New York comme un immigrant – Cunégonde se retrouvant la maîtresse d’un officier de l’immigration, avant de plumer le client dans une maison de jeu de Las Vegas. A ceux qui s’indignent de ces libertés – à commencer par la réécriture des dialogues - Robert Carsen répond que Candide, comme en témoignent ses différentes versions, a toujours été un work in progress et que Bernstein lui-même n’aurait sans doute pas été hostile à ses propositions. On lui reprochera seulement d’avoir, en déplaçant certaines scènes, alourdi un peu le second acte, qui donne une certaine impression de décousu et parfois de longueur. Mais l’idée de développer la partie de Voltaire et de le faire s’exprimer en français à travers l’original ou la mise à jour de son texte, est fort judicieuse, comme celle de confier le rôle à l’acteur jouant aussi Pangloss et Martin – en l’occurrence Lambert Wilson. L’ensemble est pétillant, dans la pure tradition du musical, sans que rien ne soit exagérément appuyé. Le spectacle a du rythme, avec une chorégraphie parfaitement adaptée de Rob Ashford.
La distribution, dans l’ensemble, est tout à fait conforme à l’esprit de l’œuvre, où il faut jouer aussi bien que chanter. William Burden est un Candide naïf à souhait, mais stylé, avec une voix fraîche et homogène. La Vieille Dame de Kim Criswell, grande figure de Broadway, est drôle sans être vulgaire. Lambert Wilson récite, chante et danse avec un incroyable talent. Seule ombre au tableau : la Cunégonde citronnée d’Anna Christy, qui, vocalement, manque de classe et n’a pas le panache suffisant - ni la technique, notamment dans les vocalises - pour rendre justice au fameux « Glitter and be gay ». Fouetté par la direction tantôt bondissante tantôt attendrie de John Axelrod, disciple digne de son maître Bernstein, l’Ensemble Orchestral de Paris se métamorphose.
Cinquante ans après sa création, Candide réussit son entrée en France, le Châtelet ayant eu la main beaucoup plus heureuse qu’avec Le Chanteur de Mexico (voir ici). Dans une salle de proportions aussi raisonnables, on aurait seulement pu se montrer plus discret en matière de sonorisation.
Ceux qui ont aimé le spectacle – ou les autres – auront plaisir à regarder le DVD où l’on voit Lenny, en 1989, diriger lui-même son œuvre en version de concert au Barbican Center de Londres, avec June Anderson, Christa Ludwig, Jerry Hadley et Della Jones. Irrésistible – et terriblement émouvant (DG).



Didier van Moere

 

 

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