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Classiques du XXe siècle

Paris
CNSMDP (Espace Maurice Fleuret)
12/16/2006 -  
Karlheinz Stockhausen : Kreuzspiel, n° 1/7 (*)
Elliott Carter : Triple duo (#)
Edgard Varèse : Déserts (&)

Orchestre des lauréats du Conservatoire, Mélisse Brunet (* &), Johan Farjot (# &), Pieter-Jelle de Boer (#), Renaud Déjardin (# &), Lennart Dohms Winkel (&) (direction)


Malgré des conditions d’accueil parfois déplorables, les hôtesses ayant tenté en l’espèce d’empêcher le public d’accéder à l’Espace Maurice Fleuret alors que le spectacle n’était pas encore commencé, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) organise bon nombre de manifestations (gratuites) qui contiennent de véritables pépites, à l’image du programme dense et captivant donné en ce samedi après-midi pluvieux.


Ce premier concert de la classe de direction d’orchestre de Zsolt Nagy avait pour objectif principal de mettre à l’épreuve cinq étudiants, dont certains se sont déjà faits connaître par ailleurs, comme le pianiste Johan Farjot ou le violoncelliste Renaud Déjardin, cinquième prix au Concours Rostropovitch en 2005. Mais ce n’était pas nécessairement l’aspect le plus captivant de cette séance: adoptant tous la même technique, carrée et sans baguette, qui évoque immanquablement celle de Boulez, les élèves se livrent à un exercice qui, vu de la salle, paraît quelque peu abstrait, notamment parce que deux des trois oeuvres sélectionnées, certes complexes, ne font appel qu’à six musiciens. Si leurs départs sont indiqués avec une grande précision, force est en effet de constater que les excellents membres de l’Orchestre des lauréats du Conservatoire, en situation soliste et renforcés par une invitée de marque, Hae-Sun Kang, violoniste de l’Ensemble intercontemporain, semblent pouvoir se passer de ces indications, tant ils se meuvent avec aisance dans ces pièces pourtant difficiles, ne jetant que rarement un regard aux gestes des chefs.


Mais depuis combien de temps n’avait-on pas entendu Kreuzspiel (1951) de Stockhausen à Paris? Quel régal en effet que de retrouver cette jubilation à sculpter le son et à cultiver les oppositions (de registres, de timbres, de rythmes) dont on pourrait aisément ignorer qu’elle s’inscrit dans les contraintes du sérialisme intégral! Trop rare occasion également de retrouver le foisonnement incessant, vingt minutes durant, du Triple duo (1983) de Carter, pour lequel trois étudiants se succèdent à la direction de l’ensemble.


Concluant cette séance, le choix de Déserts (1954) de Varèse était également bienvenu: la partition, avec ses «interpolations» de sons organisés qui semblent visiblement un peu datées aux jeunes musiciens, si l’on en juge par les sourires qu’ils échangent, a beau avoir acquis dès sa création un statut de mythe et de référence, elle apparaît trop peu à l’affiche pour que l’on en rate l’une des exécutions. Et la projection simultanée d’un film réalisé en 1994 par Bill Viola pour l’Ensemble Modern et Peter Eötvös constituait une attraction supplémentaire: défi pour les quatre chefs successifs, qui doivent aligner le déroulement de la musique sur celui de l’écran; autre aperçu, pour les spectateurs, du travail du vidéaste américain, qui a depuis lors collaboré à la fameuse mise en scène de Tristan et Isolde par Peter Sellars, présentée à l’Opéra Bastille en 2005 (voir ici et ici).


De Déserts à Tristan, les moyens restent au demeurant similaires (lenteur des images, omniprésence du feu et de l’eau), mais ce style cotonneux et léché n’a a priori pas grand-chose à voir avec la force brute et l’énergie varésiennes. Cela étant, Viola a au moins le mérite de ne pas se contenter de paysages naturels, et encore moins de sites désertiques: ces visions urbaines et nocturnes vides de toute humanité, cet homme seul précipité dans les bienfaits de l’élément liquide avec armes et bagages (ou plutôt, en l’occurrence, avec lampe et vaisselle) rendent justice, à leur façon, à «ce lointain espace intérieur qu’aucun télescope ne peut atteindre, où l’homme est seul dans un monde de mystère et de solitude essentielle» décrit par le compositeur.


Le site du CNSMDP



Simon Corley

 

 

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